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tout à fait compris qu’en lisant le journal le lendemain.

A peine assis, j’assiste à un vif, mais pour moi assez obscur incident. Cet incident se rattache à l’élection de Leicester dont j’ai parlé. Il paraît qu’au cours de cette élection et à la veille du vote, un télégramme ou téléphonage aurait été adressé à l’un des candidats ou à son comité, lequel télégramme ou téléphonage contenait une nouvelle inexacte, sous l’impression de laquelle les électeurs ont pu voter. Le candidat auquel cette fausse nouvelle était adressée a été élu. Il a même prêté serment hier. Mais aujourd’hui, un membre, qui siège sur les bancs du parti unioniste, se lève et demande qu’au bill de 1895, qui punit les actes de corruption, soit ajouté un article qui assimile les fausses nouvelles, répandues dans l’intérêt du candidat, à un acte de corruption. C’est le vicomte Wolmer. Il est très jeune, imberbe ; on dirait qu’il a vingt ans. Il développe sa motion d’une voix un peu émue, mais, autant que j’en puis juger, avec calme et convenance. Il n’en est pas moins très violemment interrompu par les députés siégeant sur les bancs ministériels, et mollement appuyé par les Unionistes qui semblent le considérer un peu comme un enfant terrible. Le député qui avait envoyé le télégramme incriminé se lève pour lui répondre avec vivacité. Au cours de sa réponse, il emploie une expression que le jeune Lord juge discourtoise et il demande au Speaker s’il est parlementaire que cette expression soit employée contre lui. Le Speaker, auquel sa perruque qui m’a paru un peu moins longue que celle du Chancelier, donne véritablement un air de juge, demande d’un ton sévère au vicomte Wolmer s’il n’a pas, la veille, employé, contre le député qui parle, certaine expression violente. « N’était-elle pas justifiée ? » répond le jeune vicomte. « En ce cas, réplique le Speaker, je ne crois pas que la plainte soit à sa place dans la bouche du noble Lord. » Applaudissemens frénétiques sur les bancs ministériels. Le député interrompu reprend son discours, mais il semble vouloir faire allusion à l’intervention dans une autre élection d’une personne, une femme à ce que j’apprends le lendemain dans les journaux, qui est parente du noble Lord, et qui aurait commis, l’année précédente, un acte d’indiscrétion. Mais le Speaker l’arrête immédiatement : « Cela n’a rien à voir dans la question, » dit-il, et l’orateur ainsi interrompu s’incline. Il faut cependant qu’il y ait eu quelque chose à dire, car les