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30 000 le nombre des enfans de parens vagabonds, vicieux, criminels, qui ne reçoivent aucune éducation et n’ont sous les yeux que de mauvais exemples. Une loi bienfaisante a été votée en 1908 qui est la charte de protection de l’enfance. L’Armée du Salut voudrait étendre cette charte aux enfans anglais à l’étranger. Tous les ans, des entrepreneurs louent, on pourrait presque dire achètent à leurs parens des petites filles de dix à douze ans, qu’ils emmènent pour en faire des dancing girls. On peut penser ce qu’elles deviennent. Par son influence, l’Armée du Salut a fait passer à la Chambre des Lords un Bill qui interdit ce trafic lorsque les enfans ont moins de quatorze ans, l’âge où cesse l’obligation scolaire, impose aux entrepreneurs de passer un contrat régulier, et les rend responsables, ce qui est contraire aux principes généraux du droit, et punissables, en Angleterre, en cas de mauvais traitemens contre ces enfans sur le continent, ou d’excitation à la débauche. Elle espère faire adopter bientôt ce Bill par la Chambre des Communes.

Je quitte mon colonel en prenant rendez-vous avec lui à la séance d’ouverture du Congrès contre la Traite des Blanches, qui doit avoir lieu le 30 juin et en emportant diverses publications, entre autres le dernier bilan d’une Compagnie d’assurances populaires que l’Armée du Salut a fondée et qui joint les deux bouts. L’Assurance populaire est à créer en France. Il y a longtemps que je le pense, que je le dis même, sans grand succès. Je me promets de montrer ces documens au très intelligent directeur d’une de nos plus grandes compagnies d’assurances sur la vie. Je suis sûr qu’ils l’intéresseront.


Samedi, 28 juin.

Journée un peu vide. Le fâcheux Weck-end a emmené de Londres hommes publics, parens, amis. Je suis obligé de remettre à lundi le commencement de mon exploration à travers le monde politique anglais. Mais on n’est jamais embarrassé d’employer son temps à Londres.

J’ai commencé par aller voir le cardinal Bourne pour qui j’avais une lettre. Son Eminence demeure : Ambrosden Avenue, dans une maison en briques qui a fort bon air et qui communique par un passage intérieur avec la nouvelle cathédrale, en briques également et en, style roman, récemment construite dans Ashley Place. J’attends quelques minutes dans une très