Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/569

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et, me dit-on, la Cité, où il a été reçu par le Lord Maire, ainsi que le quartier presque français de Leicester Square et les environs de Charing Cross sont pavoises de drapeaux français et anglais entremêlés. Un drapeau tricolore flotte seul cependant sur Aspley House, la maison de Wellington. Des cordes auxquelles sont suspendues des flammes, comme sur les navires de guerre, rejoignent les maisons d’un côté de la rue à l’autre. L’aspect de ces rues est fort gai, mais point d’inventions, point de décorations élégantes. Rien qui frappe particulièrement et séduise l’œil. Il est même étrange que, dans un pays où les peintres ont à ce degré le sens de l’harmonie des couleurs et où l’on entend si bien les aménagemens intérieurs, on entende si mal la décoration extérieure. Nos voisins n’ont pas cet art. Déjà j’en avais été frappé lors du couronnement du Roi.

Ce qui ajoute à la gaîté de l’aspect, ce sont les fleurs qui ornent les balcons et les fenêtres d’un grand nombre de maisons. C’est là un usage très anglais que nous devrions bien imiter à Paris, où, je crois bien, les règlemens de police s’y opposent. Ces fleurs embellissent les façades, généralement assez laides, des maisons. Je ne puis pas dire que je sois très admirateur du style gothique de ces constructions nouvelles qui commencent à s’élever en hauteur, comme à Paris. L’Angleterre n’est pas aussi riche que nous en belles pierres de taille, et la brique, surtout la brique brune, ne la remplace pas avantageusement. A Londres, on ne voit rien, ni lignes, ni couleurs qui flattent et qui caressent l’œil, sauf, à cette époque de l’année, la magnifique verdure des squares et des parcs qui donnent par moment l’illusion de la campagne. On n’a pas besoin de sortir de la ville pour respirer le bon air, et, bien qu’il y ait aussi une « Association pour la défense des espaces libres, » je ne vois pas ce qu’elle peut bien avoir à faire ici.

Ce qui, à Londres, est infiniment supérieur, c’est tout ce qui concerne la viabilité. Le pavé de bois ou d’asphalte est uni, roulant, comme disent les cochers, et la pluie n’y laisse pas après elle, comme chez nous, de petits lacs. Les taxi-autos sont propres, spacieux, les chauffeurs bien tenus ; on dirait des voitures de maître, et j’éprouve quelque confusion quand je pense à ceux que nous offrons aux étrangers. On en trouve partout, et bien que le stationnement axial, comme on dit aujourd’hui, y soit