Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/568

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
HUIT JOURS À LONDRES

En 1910, j’ai vu l’Angleterre en fièvre : c’était pendant les élections. En 1911 je l’ai vue en liesse : c’était au moment du couronnement du roi George. Cette année j’ai voulu la voir dans sa vie normale. La session parlementaire dure encore. De graves questions s’y agitent. La Chambre des Communes tient séance presque tous les jours, la Chambre des Lords aussi. Or, de ma vie, je n’ai assisté à une séance de l’une ou de l’autre Chambre ; je ne suis même jamais entré dans le vieux Palais de Westminster qui les abrite côte à côte. J’y voudrais pénétrer sous la conduite de quelque bon guide. Je voudrais assister à une discussion, fût-elle peu intéressante. J’aurais aussi le désir, plus difficile à réaliser, de causer avec quelques hommes politiques pour savoir où ils en sont les uns et les autres, Unionistes et Libéraux, et de lire une quantité de journaux, car rien n’est instructif, varié, et ne traduit mieux l’état des esprits qu’un journal anglais. En un mot, je voudrais humer l’air du pays, et compléter ainsi, rectifier même s’il le faut, mes impressions d’autrefois, que j’ai traduites à trois reprises ici même[1] et voilà pourquoi je me suis embarqué, le 2o juin dernier, pour l’Angleterre. Je m’excuse de faire passer sous les yeux des lecteurs de la Revue des notes familières prises au jour le jour. Aussi terminerai-je cet article par quelques considérations d’un ordre un peu plus relevé.


Jeudi 26 juin.

Londres s’est mis en fête pour recevoir notre Président. Toutes les rues qui avoisinent Saint James Palace où il demeure,

  1. Voir la Revue des Deux Mondes des 1er février 1910, 1er février et 15 juillet 1911.