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XII

Le plan que Palikao prépara et fit adopter par le Conseil des ministres était le suivant : la grande faute commise au début de la campagne avait été l’éparpillement de nos forces en présence de forces allemandes concentrées ; il fallait y obvier en réunissant sur un même point une masse compacte qui pût lutter isolément et sans désavantage de nombre contre chaque armée ennemie. Pour cela, il n’y avait qu’à opérer la jonction des armées de Châlons et de Metz.

Le moyen d’y parvenir était de porter Mac Mahon vers Bazaine par des marches rapides avant que les trois armées allemandes, celle du prince Frédéric-Charles chargée du blocus de Metz ; celle du prince de Saxe qui s’avançait sur Verdun ; celle du prince royal qui se dirigeait sur Vitry-le-François eussent eu le temps de combiner leurs efforts et d’additionner leurs effectifs. À cet effet, Mac Mahon reprendrait, en sens inverse, le plan de Dumouriez en 1792 ; il se porterait de la vallée de la Marne dans celle de la Meuse par une marche rapide ; son armée serait divisée en trois colonnes : l’aile droite composée du 1er corps de Ducrot et du 12e de Lebrun ; le centre, du 7e corps de Douay ; l’aile gauche, du 5e corps de Failly. Ces colonnes se seraient ébranlées ensemble le 21. L’aile droite se serait dirigée par Suippe, Sainte-Menehould, Clermont-en-Argonne, où elle serait arrivée le 24 août, après des marches variant de 12 à 26 kilomètres. La colonne du centre aurait également gagné Clermont par Somme-sur-Py, Ville-sur-Tourbe, Sainte-Menehould, elle y parviendrait le 25 par des marches de 12 à 24 kilomètres. En cas d’urgence, la colonne de droite pourrait attendre la colonne du centre à Sivry-la-Perche, au débouché du défilé des Islettes sur la vallée de la Meuse. L’aile gauche s’élèverait vers le Nord par Bétheneville, Vouziers, jusqu’à Grand-Pré, nœud des défilés qui protègent du côté du Nord la marche par Clermont sur Verdun, où elle serait arrivée le 23, en trois étapes de 15 à 26 kilomètres. Aucun ennemi ne s’étant présenté de ce côté, il aurait poursuivi sa marche pour venir, par Varennes, déboucher dans la vallée de la Meuse, vis-à-vis de Charny, à six kilomètres Nord de Verdun, où elle se trouverait le 25 août.