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furent constitués avec leur armement, leur artillerie et leurs approvisionnemens, trente-trois nouveaux régimens furent créés, 100 000 gardes mobiles étaient organisés à la fin d’août et 181 000 autres, destinés à les suivre en province, étaient appelés à la défense de la capitale et pourvus d’un équipement provisoire composé d’une blouse, d’un képi, d’un ceinturon et d’une cartouchière.

La fabrication des armes fut poussée sans répit dans les manufactures de l’Etat, à Saint-Etienne, Châtellerault et Tulle, jusqu’à fabriquer de 30 à 35 000 chassepots par mois. Des marchés furent conclus pour accroître le disponible des fusils. Des conseillers d’Etat allèrent en mission dans les départemens activer, par tous les moyens possibles, l’armement des gardes nationaux et l’organisation de la défense nationale. Les instructions qu’ils reçurent furent de porter partout des paroles de conciliation et de concorde, de ne pas rechercher les opinions, de ne regarder qu’aux actes et de provoquer et d’accueillir tous les concours sans distinction de partis.

Le maréchal Vaillant, qui avait l’expérience d’une préparation de guerre, puisqu’il était ministre en 1859, s’extasie, dans ses notes intimes, sur les prodiges que Palikao a opérés comme organisateur, malgré qu’une partie importante de ses journées fût dévorée par les tracasseries parlementaires : « son activité, son énergie, son sang-froid, dit-il, ont été prodigieux, au delà de ce qui a été imaginé. » Malheureusement Palikao voulut jouer du Louvois, conduire, de son cabinet, les armées, et la France a payé cher sa présomption.


IX

Dès qu’il fut constant que Bazaine était rejeté sur Metz, deux opinions s’étaient formées sur l’emploi qu’on ferait de l’armée qui se constituait à Châlons avec les débris de Mac Mahon et les forces que réunissait le gouvernement. Personne ne contestait que dégager l’armée de Metz et la réunir à l’armée de Châlons ne fût désirable. Mais était-ce possible ? Les uns ne le croyaient pas et pensaient qu’il n’y avait qu’à laisser l’armée de Metz à elle-même et à ramener sous Paris l’armée de Châlons. Les autres pensaient qu’il y avait urgence à profiter de la dissémination des armées allemandes, d’un total supérieur au nôtre, mais