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dont le mérite ne lui appartenait pas. Mais il a poursuivi intelligemment ce que nous avions commencé, et mis en train ce que des formalités administratives inévitables nous avait empêchés d’entreprendre.

Il eut l’heureuse idée d’enlever à son ministère, déjà accablé de sollicitudes, l’organisation des 460 000 jeunes gens appartenant à la Garde mobile. Il transféra ce soin au ministère de l’Intérieur où fut installé le frère du ministre, Léon Chevreau, un de nos préfets les plus distingués, homme très actif, très intelligent, et d’un dévouement sans limites. Il trouva un auxiliaire non moins précieux en Clément Duvernois, qui montra là qu’il n’aurait pas eu besoin d’être un malfaiteur pour arriver naturellement aux plus hautes charges de l’Etat. C’est à l’action éclairée, infatigable de ces trois hommes qu’est dû l’effort militaire prodigieux qui s’accomplit du 9 août au 4 septembre.

Les travaux que, dans les fortifications, on ne pouvait entreprendre qu’après une déclaration de guerre, ou après un décret de mise en état de siège, n’étaient pas terminés. Ils étaient simplement commencés. Le général Chabaud-Latour les poursuivit. Le nouveau ministre n’avait donc qu’à continuer ce qu’il avait trouvé en voie d’exécution. Sous son impulsion infatigable, la capitale fut mise en état de défense, l’enceinte et les forts armés ; les ingénieurs firent sauteries tunnels des chemins de fer et couper les canaux dans la direction de l’Est. L’administration des télégraphes fit jeter dans la Seine un long câble d’une grosseur de 2 centimètres de diamètre qui eût maintenu Paris en communication avec la province si deux misérables n’avaient dénoncé le fait aux Prussiens.

De même pour les approvisionnemens, Duvernois n’eut qu’à suivre en élargissant l’impulsion imprimée par Louvet. Il le fit, et il alimenta la ville en dehors des approvisionnemens existant déjà et de ceux du commerce, au moins pour deux mois. Sur le conseil de Thiers, il fit entrer tous les blés recueillis aux environs, et il offrit l’emmagasinement gratuit à ceux qui ne voulaient pas le vendre. Pour éviter à la population les malaises d’une nourriture de salaison, il réunit dans de vastes parcs du Bois de Boulogne d’immenses troupeaux que nourrissaient les fourrages du ministère de la Guerre ; il préparait les moyens rapides de mouture.

En dehors de l’armée de Châlons, trois corps d’armée nouveaux