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et Hozérieulles. Je pense pouvoir me remettre en marche après-demain en prenant la direction plus au Nord, de façon à venir déboucher sur la gauche de la position d’Haudimont, dans le cas où l’ennemi l’occuperait en force pour nous barrer la route de Verdun et pour éviter des combats qui retardent notre marche. Le chemin de fer des Ardennes est toujours libre jusqu’à Metz, ce qui indique que l’ennemi a pour objectif Châlons et Paris. »

L’Empereur ne juge pas que cette dépêche répandit une lumière suffisante sur l’événement : la victoire lui paraît certaine, mais il est inquiet de la retraite sur Metz et de l’annonce de la reprise de la marche plus au Nord, ce qui indique que la route directe de Verdun est barrée. Il télégraphie aussitôt à Bazaine (5 h. 10 soir) : « Dites-moi la vérité sur votre situation afin de régler ma conduite ici, répondez tout de suite. » Bazaine répond en effet tout de suite que le commandant Magnan est parti portant des détails. L’Empereur, en attendant le messager annoncé, ne croit pas que la sollicitude du lendemain puisse retarder les félicitations à son armée. Il télégraphie à Bazaine (9 h. du soir) : « Je vous félicite de votre succès, je regrette de n’y avoir pas assisté. Remerciez en mon nom officiers, sous-officiers et soldats. La patrie applaudit à leurs travaux. »

À la fin de la journée arriva une nouvelle rebuffade de Paris. L’Impératrice avait arrêté l’Empereur, Palikao arrêta l’armée. Il télégraphiait (10 h. 27 du soir) : « L’Impératrice me communique la lettre par laquelle l’Empereur annonce qu’il veut ramener l’armée de Châlons sur Paris. Je supplie l’Empereur de renoncer à son idée qui paraîtrait l’abandon de l’armée de Metz, qui ne peut faire en ce moment sa jonction à Verdun. L’armée de Châlons sera avant trois jours de 80 000 hommes, sans compter le corps de Douay, qui rejoindra dans trois jours et qui est de 18 000 hommes. Ne peut-on faire une puissante diversion sur les corps prussiens épuisés par plusieurs combats ? L’Impératrice partage mon opinion. »


IV

Trochu, dans l’ignorance de la bataille de Rezonville et de l’agitation qu’elle avait provoquée au quartier général, s’acheminait dans cette soirée du 17 août, à peu près consolé de sa