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LA GUERRE DE 1870[1]

AU CAMP DE CHALONS
LA DÉPOSITION DE L’EMPEREUR


I

L’Empereur ne s’arrêta pas à Verdun. Il annonça au maire que Bazaine le suivait et serait le même soir à Conflans, le lendemain à Verdun. Il demanda un train pour le camp de Châlons. Il n’y avait que des voitures de 3e classe ; il monta dans l’une d’elles. À Sainte-Menehould, un général entra dans le wagon. C’était Trochu, mis à la tête du 12ecorps d’armée, qui venait prendre possession de son commandement. Trochu exprima son étonnement de cette rencontre, et, saisissant avec effusion les mains de l’Empereur, il protesta, dans les termes les plus chaleureux, de son attachement profond et dévoué. À Mourmelon, on monta dans une charrette pour se rendre au camp. Là Trochu disparut.

Le camp de Châlons ressemblait à une plage, sur laquelle des trains jetaient à tout instant les épaves de la journée de Reichshoffen, des soldats sans sacs, sans gibernes, d’immenses approvisionnemens ; 7 000 à 8 000 isolés courant en désordre à travers le camp ; dix-huit bataillons de gardes mobiles, dont 8 000 sans fusils, 8 000 pourvus des fusils transformés, et 2 000 de chassepots.

Les correspondans des journaux démagogiques, expulsés des

  1. Voyez la Revue des 15 juin, 1er et 15 juillet.