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REVUE DRAMATIQUE


Chatelet : La Pisanelle ou la Mort parfumée, comédie en trois actes et un prologue par M. Gabriele d’Annunzio. — Comédie-Française : Reprise du Gendre de M. Poirier.


Le « programme officiel » de la Pisanelle ou la Mort parfumée, est, par lui-même, une belle chose. On y voit que la pièce est de M. Gabriele d’Annunzio, la musique de M. Ildebrando da Parma, les décors et les costumes de M. Léon Bakst, la mise en scène de M. Wsewolod Meyerhold, les danses sont réglées par M. Fokine et l’orchestre dirigé par M. Inghelbrecht ; l’auteur est Italien, le décorateur est Russe, d’autres sont Allemands, Hongrois ou Polonais, la principale interprète est une danseuse du théâtre de Saint-Pétersbourg ; et tout cela fait un ensemble bien parisien. Mais cela ne fait ni un chef-d’œuvre, ni un succès. La Pisanelle a été un four mémorable. A ce point de vue, cette exhibition a été extrêmement intéressante ; il est excellent qu’on nous l’ait offerte ; elle produira ses effets ; elle marquera une date ; nous l’enregistrerons avec allégresse. Que le public, que tous les publics dont se compose le public, aient obstinément refusé de venir, que ces représentations restreintes par le nombre l’aient été également par la disette de spectateurs, qu’on ait déclamé, gesticulé et dansé devant une salle aux trois quarts vide, c’est déjà une bonne note, une victoire du bon sens et du goût. Mais ce que je trouve tout à fait digne de remarque, et savoureux, et significatif, et réjouissant, c’est que la presse, la presse elle-même, et pour une fois, n’a pas entonné son habituel concert de louanges. On sait l’inépuisable bienveillance de la critique dramatique, telle qu’elle se fait dans les journaux. Elle distribue les éloges avec une générosité de cœur et une intrépidité que rien ne décourage. Elle n’attend ni la première représentation,