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dans des conditions tolérables que si nous sommes pénétrés de la double nécessité de mettre un frein aux dépenses inutiles, en restreignant au minimum les services d’Etat, et de ne pas irriter les contribuables par des impôts vexatoires. L’effet le plus certain d’une législation tracassière serait de ralentir l’essor économique du pays et de contrarier le développement de sa richesse, qui est le seul réservoir où peuvent se puiser les sommes croissantes dont la défense nationale a besoin. Le programme véritablement national consisterait à rechercher beaucoup moins les impôts nouveaux ou les augmentations de taxes existantes que les économies. Il y en a de nombreuses à faire dans notre budget. Ce serait un grand ministre des Finances que celui qui fournirait à l’armée et à la marine les milliards dont elles ont besoin sans charger les contribuables plus qu’ils ne le sont aujourd’hui. L’idée maîtresse de cette réforme salutaire consisterait à remettre entre les mains de l’industrie privée plusieurs des services assurés par l’Etat et à réduire par suite le nombre des fonctionnaires. La République française donnera-t-elle au monde ce spectacle nouveau et inattendu d’un gouvernement qui renonce à quelques-unes de ses attributions, qui refrène les gaspillages et qui se corrige lui-même en reconnaissant les erreurs commises ? Nous voulons l’espérer ; nous n’oserions l’affirmer.


RAPHAËL-GEORGES LEVY.