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nous voudrions surtout voir supprimer le privilège des bouilleurs de cru, qui coûte une somme énorme au budget. Mais les aggravations des droits sur les valeurs mobilières sont inadmissibles, ainsi que celles qui atteindraient les lettres de change. Il faudrait plutôt envisager un relèvement léger du prix des tabacs, la transformation du timbre des quittances en une taxe proportionnelle, le doublement du droit sur les opérations de bourse, le versement au budget des prélèvemens opérés sur les fonds du pari mutuel. Nous sommes persuadés qu’il y a des économies importantes à réaliser. Depuis de longues années, nos dépenses publiques sont démesurément grossies par une législation téméraire, dont l’un des articles le plus coûteux a été le rachat des chemins de fer de l’Ouest et leur exploitation par l’Etat, qui nous a forcés à rouvrir à plusieurs reprises le Grand Livre de la Dette publique : car les obligations 4 pour 100, émises pour alimenter le budget du réseau d’Etat, sont un engagement du Trésor au même titre que la rente 3 pour 100. M. Paul Leroy Beaulieu estime à 60 millions par an la charge que nous impose l’opération du rachat.

Si la prodigalité immodérée des Chambres n’avait dévoré les plus-values énormes qu’ont données les recettes des derniers exercices, l’augmentation de nos charges militaires aurait été couverte par ces bonis réguliers, et il n’eût pas été besoin de songer à ces majorations de taxes anciennes et créations de taxes nouvelles, qui nous rappellent les plus mauvais jours de notre histoire. Tout au plus y aurait-il eu lieu de recourir à l’emprunt pour des dépenses que l’on peut qualifier d’extraordinaires et qui sont précisément celles en vue desquelles l’émission des obligations vingtenaires est envisagée. D’après le projet du Gouvernement, il serait créé un compte intitulé : « Défense nationale, accélération du programme de défense et d’armement et application de l’article 33 de la loi du 23 mars 1905. » Des crédits seraient ouverts chaque année par la loi au titre de ce compte spécial. Les crédits ou portions de crédits restés disponibles en fin d’année pourraient être reportés par décret à l’année suivante. Le compte serait alimenté par le produit d’obligations du Trésor, donnant droit à un revenu annuel de 15 francs, payable par trimestre. Ces obligations seraient amortissables dans une période de 20 ans à dater du 1er janvier 1915. Le prix de remboursement serait égal au prix