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banques est réglée par la loi qui les oblige à rembourser leurs billets en espèces et à vue. L’État a bien pris le même engagement vis-à-vis des porteurs de ses Bons décaisse, mais il les émet avec l’espoir que le public s’en servira aux lieu et place des pièces d’or de 10 et 20 marks : de cette façon, le retrait d’une quantité équivalente de ces monnaies, enfermées dans les serres du Trésor et destinées à n’en sortir qu’en cas de guerre, se ferait sans entrainer le resserrement monétaire qui autrement pourrait être la conséquence de la thésaurisation impériale. En 1906, la Banque de l’Empire, qui jusque-là ne créait pas de billets inférieurs à 100 marks, fut autorisée à émettre des coupures de 50 et de 20 marks. Ces coupures furent bien accueillies par le public et se substituèrent en partie aux Bons de caisse, qui refluèrent alors dans les caisses de la Reichsbank : celle-ci en détenait 92 millions à la fin de septembre 1907. En mars 1913, ce chiffre est descendu à 20 millions, ce qui démontre que le public réclame des quantités croissantes de petits billets. D’un autre côté, les règlemens par viremens font des progrès : il doit en résulter une économie dans l’emploi des espèces. Déjà les États confédérés, qui, en 1904, avaient encore besoin tous les trimestres de 120 millions de monnaies pour leurs paiemens, n’en réclament plus que 7 ; les villes, les Caisses d’épargne, les Banques agissent de même.

La multiplication des petites coupures a permis à la Banque impériale de fortifier sa propre encaisse. Elle a célébré comme un triomphe le jour où son stock de métal jaune a dépassé 1 milliard de marks. Mais en ce faisant, elle diminue la réserve latente que constitue la circulation d’or qui est aux mains du public. Frappés de cet inconvénient, certains économistes voudraient qu’elle fût tenue de conserver, en face de sa circulation de billets de 50 et de 20 marks, une réserve d’or spéciale, dont la proportion dépasserait celle du tiers que la loi exige pour l’ensemble des billets, et atteindrait par exemple la moitié. On a demandé enfin que la réserve d’argent fût exclusivement une réserve de guerre, mais que la réserve d’or devint disponible en temps de crise et pût être employée lorsque la situation du marché l’exige. Il paraît en effet plus logique de mobiliser le métal jaune aux époques de difficultés commerciales, tandis que les exigences du petit commerce, en cas de guerre, seraient satisfaites au moyen du métal blanc.