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Conseil fédéral. Cette fois-ci, ils ont pris en mains la direction des débats ; la commission du budget a fait subir des transformations profondes au plan qui lui était soumis. L’œuvre de la gauche a été particulièrement importante et efficace. Le chancelier de l’Empire a senti l’utilité de ce concours et accepté de bonne grâce les millions qu’on lui apportait par des voies quelque peu différentes de celles qu’il avait tout d’abord envisagées. Il a été jusqu’à promettre à ses nouveaux alliés une modification à la composition des conseils de guerre. Ce fut la récompense du loyalisme dont les libéraux avaient fait preuve au cours de cette session du printemps de 1913, dont toutes les conséquences, au point de vue de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, ne peuvent encore se deviner.


III. — MESURES PROPOSÉES POUR FORTIFIER LES RÉSERVES MONÉTAIRES DE L’ALLEMAGNE

Dans l’arsenal législatif que le Gouvernement allemand a préparé en vue de complications politiques extérieures, il n’a eu garde d’oublier le côté monétaire. Il s’est préoccupé de fortifier dès maintenant ses réserves métalliques. C’est d’ailleurs une des parties du programme qui a donné lieu aux critiques les plus serrées de la part des gens du métier, non pas que ceux-ci blâment la mise à l’abri d’une partie du numéraire qui circule dans le pays, mais ils jugent sévèrement l’augmentation du papier-monnaie impérial.

En vertu de la loi qui autorise la création de monnaies divisionnaires jusqu’à concurrence d’un maximum de 20 marks par habitant, chiffre qui est loin d’être atteint, il serait frappé pour 120 millions de marks de pièces d’argent divisionnaires ; le bénéfice de cette frappe, au delà de 10 millions 3/4, serait versé au budget de 1913. Il serait émis 120 millions de marks en Bons de caisse de l’Empire, analogues à ceux qui avaient été créés après la guerre de 1870 et dont la circulation actuelle s’élève au même chiffre. Ces Bons seraient remis à la Banque de l’Empire, qui en paierait la contre-valeur en or au Trésor impérial, lequel confierait à la dite Banque la garde de cette nouvelle réserve métallique. Ces 120 millions, comme ceux de la tour de Spandau, ne pourraient être mis en circulation, conformément à la