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compte, du point où il était, que de grandes masses se trouvaient plus à gauche, vers Saint-Privat. Par suite, il crut ou voulut croire qu’il avait devant lui l’aile droite ennemie et résolut d’agir conformément au premier ordre qui lui avait été envoyé d’attaquer. Il supposait qu’il allait nous surprendre et ne voulait pas laisser échapper une si belle occasion. À midi, son canon retentit et apprend à l’état-major du Roi, à celui du prince Frédéric-Charles que la bataille est commencée sans qu’on eût attendu leur approbation. Cependant Moltke croit encore que ce n’est qu’un engagement partiel qui n’entraîne pas l’attaque générale de la IIe armée. Il recommande à Steinmetz de se tenir tranquille. Le prince Frédéric-Charles croit l’affaire plus sérieuse. Il galope de Vionville sur Saint-Marcel, puis sur la hauteur de Vernéville.

À partir de ce moment, la direction de la IIe armée échappe complètement à Moltke, et la bataille, qui semblait devoir être conduite par la même pensée, se scinde en deux batailles distinctes n’ayant aucune coordination entre elles : celle de gauche, qui a pour objectif Saint-Privat ; celle de droite, dont l’objectif est le Point-du-Jour.


EMILE OLLIVIER.