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le prix auquel ils sont vendables, mais d’après le produit net multiplié par 25, c’est-à-dire capitalisé à 4 pour 100. Or, pour les seigneurs qui vivent sur leurs terres, le produit direct est peu de chose par rapport aux avantages et agrémens qu’ils tirent de leur résidence. Dès lors, la capitalisation du revenu qui doit servir de base à l’impôt ne représente qu’une fraction de la valeur réelle. Le Reichstag a cherché à pallier ce que cette exception avait de trop choquant en l’étendant aux immeubles urbains. La faveur accordée par la loi ne profite pas aux fermiers, puisque ceux-ci sont taxés d’après leur capital d’exploitation. D’autre part, dans beaucoup de provinces prussiennes, l’assiette de l’impôt fait ressortir un produit net, c’est-à-dire une valeur proportionnellement supérieure pour les petites exploitations : l’hectare du paysan rapporte 100 marks, là où celui du grand propriétaire n’est estimé en rendre que 60. Le premier se trouve ainsi imposé presque deux fois plus que le second.

L’une des raisons qui ont déterminé les autorités impériales à recourir à la contribution extraordinaire est l’état du marché des fonds allemands, et la difficulté qu’elles prévoyaient à se procurer une somme aussi considérable par l’émission d’un emprunt. On sait que, depuis longtemps, l’Empire et la Prusse ont vendu presque régulièrement chaque année des rentes, afin de couvrir leur budget extraordinaire. C’est ainsi qu’en pleine paix, la dette impériale s’est peu à peu élevée à 5 milliards de marks. On a souvent critiqué et le principe de cette gestion financière, et le système des « petits paquets » qui jette, à des intervalles très rapprochés, des titres sur le marché : celui-ci n’a dès lors pas le loisir d’absorber et de classer dans les portefeuilles des capitalistes les fonds d’Etat qu’on lui apporte sans arrêt. Dans les derniers temps toutefois, grâce aux ressources considérables que lui ont fournies les impôts nouveaux créés en 1909, l’Empire avait ralenti ses émissions : en 1911, il n’en avait fait aucune ; en 1912, il n’a créé qu’un capital de 80 millions ; et, en 1913, il n’a jusqu’ici demandé au public que 100 millions. Néanmoins, les cours de ses fonds ont baissé dans une proportion notable. On sait que le phénomène est général et que, depuis le commencement du XXe siècle, la signature de tous les grands Etats s’est dépréciée. Ce n’est pas ici le lieu de rechercher l’origine de ce phénomène qui est dû à deux causes primordiales, la hausse du taux de l’intérêt et la croissance