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un mausolée de marbre rouge portant une grande plaque de plomb avec une inscription grecque en plusieurs lignes. « Celle-ci portait que ce pays serait subjugué par un peuple de nation arabe, éclairé par la vraie religion ; que ce peuple triompherait de tous ses ennemis, que sa religion l’emporterait sur toutes les autres, qu’il dominerait sur toutes les provinces de la Perse et de l’empire grec, et que, vers l’approche de l’année 700 de l’Hégire, ce même peuple chasserait entièrement les Francs et détruirait leurs églises. Il y avait encore cinq lignes effacées qu’on ne put lire : le reste fut lu au Sultan qui en fut dans l’admiration. »

« Ainsi, s’écrie Abou’l féda, les villes fortes chrétiennes rentrèrent sous les lois de l’islamisme ; ainsi fut lavée la souillure imprimée par la présence des Francs, de ces Francs naguère si redoutables. C’est à Dieu que nous sommes redevables de ce bienfait ; soyons-en reconnaissans et rendons au Seigneur de solennelles actions de grâces ! »

Ibn Férat dit de son côté en terminant son récit : « Les Francs ne possédèrent donc plus rien en Syrie. Espérons, s’il plait à Dieu, que cela durera jusqu’au jour du Jugement. »

La nouvelle de la prise de Saint-Jean-d’Acre par les troupes du Soudan d’Egypte produisit par toute l’Europe une impression de douleur terrifiante.


GUSTAVE SCHLUMBERGER.