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cavalerie, car les reconnaissances prussiennes s’opérèrent ce jour-là encore plus mal que les nôtres, et il est véritablement incompréhensible que trois divisions de cavalerie n’aient pas découvert une armée tout entière postée à si peu de distance (au plus 7 kilomètres) et dont les tentes blanches et les feux s’étalaient sur les hauteurs.

Les Prussiens considéraient que l’intérêt de Bazaine de rejoindre Mac Mahon était si évident qu’il ne pouvait avoir d’autre pensée, et que si, le 17, il n’avait pas essayé de percer, c’était pour tenter un effort plus énergique le 18. Comme, d’autre part, ils jugeaient très difficile de reprendre la route de Verdun en passant sur leurs corps, ils ne supposaient pas improbable qu’il se fût retiré vers Metz. Ils disposèrent donc leurs troupes, soit 178 810 hommes d’après Moltke : le VIIe corps occupait les bois de Vaux et des Ognons, le VIIIe dont le Roi s’était réservé la disposition, à Rezonville, le IVe à Saint-Marcel ; le IIIe et le Xe en seconde ligne ; la Garde royale et le XIIe corps dans la direction du Nord. Disposée de la sorte, l’armée allemande pouvait pourvoir à toutes les éventualités, soit marcher droit devant elle vers le Nord, si nous avions manœuvré par là, soit opérer une conversion à droite, par échelons, si nous étions revenus vers Metz. Un incident troubla partiellement l’exécution de ce dispositif. Les Saxons et la Garde devaient former l’extrémité de l’aile gauche en se tenant prêts à avancer vers le Nord ou à faire une conversion sur leur gauche ; ils devaient tâter le terrain en prenant Bruville et Doncourt. Les Saxons occupant la droite, c’était à la Garde de s’ébranler la première ; mais cela l’éloignait du prince Frédéric-Charles, qui ne se souciait pas d’avoir sous la main les Saxons, dont il n’était pas sur et qu’il voulait mettre à l’extrémité de sa ligne. Il tint la Garde immobile jusqu’à ce que les Saxons eussent traversé les routes qu’elle occupait et il ne l’ébranla que trois heures après (à 9 h.)..

Les renseignemens parvenus soit au prince, soit au Roi, continuaient à être contradictoires, et motivaient heure par heure des dispositions diamétralement opposées les unes aux autres. La Garde, la première, signala la réalité : venant de s’emparer de Batilly, il ne lui manqua qu’une bagatelle, l’ennemi, A Doncourt, elle découvrit des blessés, et elle apprit que la localité avait été évacuée depuis la veille. Elle avertit immédiatement le prince Frédéric-Charles. D’autres renseignemens concordèrent