Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Les Templiers et les Hospitaliers, dit M. de Mas Latrie, renforcés des chevaliers de l’Epée et du Saint-Esprit, qu’on voit pour la première fois figurer dans les événemens, s’étaient chargés de veiller à toute la partie septentrionale des remparts, depuis la mer jusqu’à une haute tour carrée, située à peu près au centre des fortifications, vers la plaine, nommé la Tour Maudite. D’après les plans anciens, elle se dressait sur la première ligne de circonvallation, dans l’angle Nord-Est. De ce point à la mer, vers le Midi et le Carmel, sur les ouvrages de Saint-Nicolas, du Pont et du Légat, veillaient Jean de Grailly et Otton de Granson, qui avaient avec eux les Communes et tous les croisés.

« Le prince de Tyr, portant toujours le titre de baile du royaume de Jérusalem, mais exerçant en réalité une si faible autorité qu’aucune des chroniques européennes ne l’a mentionné, n’avait pas quitté la ville. Il y résidait, s’il n’y commandait pas, au nom de son frère le roi de Chypre ; et, en attendant l’arrivée de ce dernier, il s’était établi, avec les chevaliers de Syrie et ceux venus déjà de Chypre, au poste peut-être le plus dangereux, dans une grosse tour ronde, nouvellement édifiée, qu’on appelait la Tour du roi Henri. Cette construction, contre laquelle se dirigea l’effort principal de l’attaque, était située en avant de la Tour Maudite et de l’enceinte continue, près d’un autre ouvrage récent et extérieur, désigné sous le nom de Porte ou Barbacane du roi Hugues, parce que le frère du roi Henri II l’avait vraisemblablement fait construire.

Conrad, grand maître de Notre-Dame des Allemands, se plaça avec les gens du roi de Chypre à la Tour Ronde et à la Tour Maudite. Les Italiens étaient conduits par leurs capitaines ou leurs consuls. Il n’est pas question des Génois dans les récits du siège ; en revanche, les Pisans se distinguèrent par leur activité et leur courageuse industrie. Ils avaient construit, non loin de la rue des Allemands, dont ils recherchaient toujours le voisinage, un grand engin en forme de catapulte qui contrebattait avantageusement les machines des assiégeans.

Le 4 novembre 1290, le Sultan quitta enfin le Caire, à la tête de son armée, mais il tomba aussitôt subitement malade et mourut dès le 10 près de Mardjed at-Tin, à sept kilomètres seulement de sa capitale, au milieu de la consternation de tous, succombant à un empoisonnement, suivant la croyance universelle. Amadi raconte qu’à son lit de mort, il fit jurer à son fils de