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Sans cesse la population d’Acre était occupée tout entière à s’approvisionner de vivres, à réparer et renforcer avec ardeur les tours, les murailles gigantesques et les profonds fossés de son enceinte. Cette population valide pouvait se monter en tout à 30 000 ou 40 000 personnes. Les hommes en état de combattre étaient au début du siège environ 14 000, dont 800 chevaliers et 13 000 hommes de pied. « Si des forces relativement aussi faibles, dit Röhricht, parvinrent à opposer durant plus de quarante jours une résistance aussi énergique à l’énorme armée ennemie, il faut attribuer ce résultat non seulement au courage des défenseurs qui luttaient en désespérés, mais surtout à la force et à la perfection des ouvrages de défense qui formaient autour de Saint-Jean-d’Acre une double et magnifique ligne de circonvallation faisant de cette ville la plus redoutable forteresse d’Orient. »

D’autres sources estiment qu’il y avait assemblés à ce moment à Acre environ 2 000 à 3 000 chevaliers et 18 000 hommes de pied, plus 2 000 ou 3 000 écuyers, sergens ou turcopoles. « Dans ce nombre, dit M. de Mas Latrie, étaient compris tous les barons d’Outre-mer et leur service, les hommes valides venus de Tripoli et des autres villes chrétiennes conquises récemment par les Arabes, les Communes, les maisons militaires, enfin les croisés arrivés depuis la proclamation de la guerre et les soldats tenant garnison à Saint-Jean-d’Acre aux frais des rois de France et d’Angleterre, tous Occidentaux, désignés sous le nom habituel de gens de la Croisade. »

On répartit l’ensemble de ces forces en quatre divisions. La première fut placée sous le commandement de Jean de Grailly et du vaillant Otton de Granson ; la seconde sous celui du chef de la chevalerie chypriote et du maréchal Henri de Bolanden, délégué du maitre du Temple, Burchard de Schwanden ; la troisième sous celui des maîtres de l’Hôpital et de Saint-Thomas ; la quatrième sous celui des maîtres du Temple et de Saint-Lazare. Pour chacune de ces quatre divisions, chacun des deux chefs désignés commandait alternativement. De chaque division une moitié devait constamment, à partir de la sixième heure, monter la garde sur le rempart durant huit heures consécutives ; la seconde moitié la remplaçait alors et ainsi de suite. La moitié qui ne veillait pas sur le rempart avait la garde des portes.