On était en l’année du Christ 1291. Philippe le Bel était roi en France et le moine Jérôme d’Ascoli était pape à Rome sous le nom de Nicolas IV. Il y avait bien près de deux siècles que, sous la conduite de Godefroy de Bouillon, le 15 juillet 1099, les bandes enthousiastes de la première Croisade avaient pris d’assaut Jérusalem, la Ville Sainte, et fondé le Saint Royaume d’Outre-mer. Après presque un siècle de luttes souvent glorieuses, les chrétiens d’Orient, à la suite du grand désastre de Hittin, au mois de juillet 1187, avaient dû évacuer Jérusalem retombée sous le pouvoir des Musulmans en la personne du grand émir Saladin. Toutefois, ils s’étaient maintenus dans presque toutes les cités maritimes de la côte de Syrie, protégés par la fondation à ce même moment du nouveau royaume latin de Chypre sous la bannière des rois Lusignans. Saint-Jean-d’Acre avait été reprise dès 1191 par les guerriers de la troisième Croisade. Puis étaient venus des temps de plus en plus difficiles pour les soldats de la Foi. La quatrième croisade avait été en 1204 détournée vers Constantinople. Celle de l’empereur
- ↑ Dans ce récit j’ai suivi pas à pas l’excellente Histoire du royaume latin de Jérusalem de feu R. Röhricht parue à Innsbruck en 1898.