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coups pour pièces de 4, mais l’établissement pyrotechnique n’a pas les moyens nécessaires pour confectionner des cartouches. » II indique la direction qu’il compte suivre : « Nous allons faire nos approvisionnemens afin de reprendre notre marche dans deux jours, si cela est possible. Je prendrai la route de Briey. Nous ne perdrons pas de temps, à moins que de nouveaux combats ne déjouent nos combinaisons. » Magnan devait confirmer oralement ces renseignemens sans cependant « jeter le cri d’alarme. « Il devait en outre demander le remplacement de Frossard et de Jarras. Bazaine charge aussi l’intendant général de Préval de réunir des approvisionnemens à Montmédy et à Longuyon. Cette précaution indique que, dans cette journée, il avait encore l’intention de prendre la route de Briey.


IX

La nouvelle, arrivée à Paris par Soleille et par les télégrammes de Bazaine, que l’armée de Metz n’avait plus que 800 000 cartouches, consterna Chevreau, le ministre de l’Intérieur. Il dépêcha son frère aux informations au ministère de la Guerre. On lui répondit tranquillement que c’était une erreur matérielle que le maréchal reconnaîtrait vite, car la réserve à Metz était encore de 50 000 gargousses à obus et de plus de dix millions de cartouches. On ajoutait que la poudrerie de Metz possédait des matières pour travailler trente jours à 40 000 cartouches par jour et en outre on lui promit d’expédier de Châlons, par le chemin de fer des Ardennes, trois convois de munitions.

En effet, Bazaine ne tarda pas à être dégagé du cauchemar où l’avaient jeté les hallucinations d’un cerveau qu’on ne savait pas à ce point troublé.

Pendant toute la journée du 17 août, arrivèrent des rapports des commandans d’artillerie à Soleille, des chefs de corps d’armée à Bazaine, dont il résultait que l’armée avait, dans les gibernes des soldats, dans les caissons des divisions, dans les réserves et dans les parcs de corps d’armée, de quoi suffire, en cartouches et en obus, à la consommation de plusieurs grandes batailles. De plus, les intendans continuaient à opérer des distributions de vivres aussi régulièrement que le permettait la mobilité de troupes en train de combattre ou de se déplacer.