Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/32

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vallées et ces vallées elles-mêmes étaient complètement desséchés et, par suite, partout franchissables. De ces trois lignes de hauteurs, celle qui se trouve le plus à l’Est est, dans son ensemble, la plus élevée ; celle qui est le plus à l’Ouest, la plus basse ; la troisième tient à peu près le milieu entre les deux autres. La distance qui sépare les trois crêtes est à peu près la même, environ 3 000 mètres ; à certains endroits, elle va jusqu’à 3 500. L’espace qui s’étend entre les deux crêtes occidentales était couvert, d’une manière générale, au Sud de Vernéville, par de grands bois de forme irrégulière ; le terrain qui s’étendait au Nord de Vernéville pouvait, par comparaison, passer pour découvert et n’offrait pas d’obstacle à la vue.

L’armée française, comptant 125 à 130 000 combattans, vint s’établir sur une longueur de treize kilomètres à peu près, entre les deux ravins de la Mance et de Châtel-Saint-Germain, sur un plateau étroit et allongé dépendant des lignes de hauteur qui séparent l’Orne de la Meuse. A gauche, le second corps d’armée, celui de Frossard, occupait les crêtes du plateau de Rozérieulles au-dessus de la route descendant de Gravelotte-sur-Metz, en avant du vallon de Châtel-Saint-Germain, de la ferme dite du Point-du-Jour à Rozérieulles. La brigade Lapasset surveillait par un fort détachement à Sainte-Ruffine les abords de ce village et ceux de Jussy pour assurer nos communications avec Metz. Au centre, le 3e corps d’armée de Le Bœuf sur le prolongement du plateau vers le Nord, son front appuyé aux fermes de Moscou, Leipzig[1], « noms funestes pour la France, » dit Verdy du Vernois, La Folie, occupant très fortement par de l’infanterie et de l’artillerie le bois des Genivaux qui est en avant, et le poste formé par la ferme Saint-Hubert. Le 4e corps d’armée (Ladmirault) continuait la ligne par la ferme de Montigny-la-Grange et le village d’Amanvillers, situé au pied d’une petite chaîne de hauteurs rocheuses où l’on exploite des carrières. A la droite, le 6e corps d’armée de Canrobert, de Saint-Privat-la-Montagne à Roncourt, avec la division Tixier placée en retour d’angle à l’extrême droite, face au Nord, surveillait les défilés des Bois.

Les réserves, la Garde, la réserve d’artillerie, la réserve générale d’artillerie, représentant 96 bouches à feu à gauche sur

  1. Ces noms avaient été donnés à ces localités par un vieux soldat de Napoléon en souvenir de ses campagnes.