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LA LIBERTÉ DE CONSCIENCE
DANS
L’ANCIENNE ROME
A PROPOS DU SEIZIÈME ANNIVERSAIRE DE L’ÉDIT DE MILAN

L’Église catholique vient de fêter le seizième centenaire de l’édit de Milan. On ne voit pas, jusqu’ici, que les partis ou les groupes qui se piquent de « libre pensée » aient manifesté la même intention : ils en auraient pourtant le droit, et peut-être le devoir. Car la date de juin 313 est importante dans l’histoire de la liberté religieuse autant que dans celle du christianisme, et, quels qu’aient été d’ailleurs les motifs qui ont incité l’empereur Constantin à autoriser dans ses Etats l’exercice de tous les cultes, si l’Église lui doit beaucoup, la cause de la tolérance lui doit beaucoup aussi.

On pourrait même soutenir, sans trop de paradoxe, qu’elle lui doit plus que l’Église. Car, en vérité, pour cette dernière, le bien n’a pas été sans quelque mélange de mal. Ce qu’elle a gagné à la conversion du prince, — une existence plus paisible et une propagande plus facile, — ne doit pas nous faire oublier ce qu’elle y a perdu. Il semble bien que l’adhésion du souverain au christianisme ait marqué pour celui-ci le commencement d’une de ces crises si graves que traverse presque toujours une minorité victorieuse. Bon nombre de ceux qui la combattaient