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excellent point d’appui qui, joint à ceux de Saint-Ail et du Bois de la Gusse, lui procura un fond de combat solide d’où l’artillerie put exercer en toute sécurité la suprématie qu’elle avait acquise[1]. »


III

Une petite portion de Saxons avait participé à cette attaque ; mais leur gros était au delà. Informé que notre aile droite s’étendait jusqu’à Roncourt, le prince Albert de Saxe avait donné une envergure plus ample à son mouvement tournant, qui devait d’abord se diriger droit sur Saint-Privat, et il le préparait en concentrant toutes ses forces le long de la forêt d’Auboué et en appelant celles qui étaient à Jarry et à Sainte-Marie-aux-Chênes. Pour un moment, il disparut du champ de bataille, et la Garde demeura seule en présence de Saint-Privat et d’Amanvillers. Le prince Frédéric-Charles, décontenancé par cette disparition, sent que la direction de la bataille lui échappe et il envoie un officier d’ordonnance courir après le prince, se renseigner sur ses intentions et le supplier de hâter son mouvement dont il ne sent plus l’action. De son côté, le prince de Wurtemberg n’a pas la patience d’attendre, malgré l’observation du général de la Garde, de Pape, qu’il était imprudent de brusquer l’événement avant que le corps saxon eût plus nettement dessiné son mouvement par Roncourt. Mis en goût d’aventure par l’enlèvement de Sainte-Marie, il se dit : « Pourquoi ne poursuivrions-nous pas jusqu’à Saint-Privat et ne faciliterions-nous pas la tâche des Saxons en marchant au-devant d’eux ? » Il se décide avec d’autant plus de confiance que, depuis la prise de Sainte-Marie, le silence s’était étendu sur les hauteurs de Saint-Privat et qu’on nous croyait partis. Il appelle la brigade de la Garde qu’on avait mise à la disposition du IXe corps et des bataillons hessois, il déploie en avant d’elle la IVe brigade de la Garde formée en deux lignes de demi-bataillons en colonnes à intervalle de déploiement précédée d’une ligne de tirailleurs. A

  1. Colonel Picard.
    Rapport du général de Rivière.
    Le 17, l’arsenal de Metz dirigeait sur Plappeville un parc mobile emportant 3 552 obus de 4 561 obus de 12. Le 18, il délivrait directement 3 326 obus de 4, 744 obus de 12,