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LA GUERRE DE 1870[1]

GRAVELOTTE — SAINT-PRIVAT


I

L’armée française n’était pas surprise. Sous un arbre, dit l’Arbre mort, aux premiers rayons du jour, Le Bœuf, en observant tous les coins de l’horizon, avait aperçu un courant très accentué de troupes marchant de notre gauche à notre droite, et qui paraissaient se diriger sur Saint-Marcel et Vernéville. Il ne douta pas que les Prussiens ne préparassent leur manœuvre habituelle, le mouvement tournant sur une aile et il en donna avis au maréchal par un de ses officiers, Petit du Coupperay. « Le maréchal dort, » répond-on à l’aide de camp. Celui-ci ayant déclaré qu’il ne partirait pas sans avoir vu le maréchal, Bazaine arrive enveloppé d’une robe de chambre, a moitié endormi et il dit : « Dites à Le Bœuf qu’il a une position excellente ; qu’il s’y défende et qu’il ne s’occupe pas du reste. » A huit heures et demie, une reconnaissance de cavalerie avait rapporté à Le Bœuf la confirmation matérielle du mouvement qu’il avait deviné. Immédiatement, il avait envoyé un second avis à Bazaine. Peu après survint de Frossard la même information, à savoir qu’à partir de sept heures et demie, on avait vu un mouvement de troupes ennemies de notre gauche vers notre droite, devant les positions du 3e corps, et qu’à huit heures, ce mouvement prenait plus d’importance. Réponse de Bazaine toujours la même

  1. Voyez la Revue du 1er, 15 juin et 1er juillet.