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compris pendant quelques mois ; on a parlé de l’intervention militaire possible de telle puissance et des déclanchemens successifs qu’elle risquerait d’entraîner ; le danger, qui a paru sérieux alors, l’est-il moins aujourd’hui ? Le problème se présente toujours dans les mêmes conditions, avec les chances diverses qu’il comporte, avec les obligations subites qui peuvent en sortir. Aussi notre conclusion sera-t-elle que les Balkans doivent être unis et que nous devons être forts.


Pour assurer notre force, la Chambre continue de discuter le projet de loi militaire que le gouvernement a déposé devant elle. Nous avons d’ailleurs peu de chose à dire de cette discussion : depuis plusieurs jours, elle tourne sur elle-même, sans qu’aucun argument nouveau ait été présenté et par conséquent sans profit. Le grand projet de M. Jaurès, grand au moins par la dimension du discours dont il l’a étayé, n’a réuni que 77 voix ; c’est le chiffre exact des socialistes unifiés ; M. Jaurès n’a convaincu personne en dehors de ses amis, il a seulement fait perdre du temps à la Chambre. Il a trouvé un autre moyen d’atteindre le même résultat, qui a été de contester les chiffres du gouvernement et de la commission avec assez d’assurance pour que cette dernière ait demandé le renvoi du projet : elle a contrôlé ses chiffres et les a trouvés exacts. Mais vingt-quatre heures de plus avaient été perdues. Malgré tout, la discussion avance, et le gouvernement tient la main à ce qu’elle soit poursuivie sans distractions. Elle continue avec lenteur, mais il ne semble pas douteux qu’elle atteindra le but et que la loi sera votée avant les vacances dans ses principes essentiels. Au moment même où nous écrivons, M. le président du Conseil, qui n’avait jamais été mieux inspiré, prononce un éloquent discours pour la défendre, elles applaudissemens qui l’accueillent, dont les premiers échos nous arrivent, nous confirment dans l’espérance que l’affaire est en bonne voie.


FRANCIS CHARMES.


Le Directeur-Gérant,

FRANCIS CHARMES.