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Frédéric Febvre, Francisque Jeune, Jullian, Lequien, Josse, Mmes Naptal Arnault, Lagier, Léontine, Augusta, Jouault, Delaistre, Lagrange. Et ces noms seuls prouvent que l’adage d’un critique : « Les talens s’en vont plus vite qu’ils ne viennent, » comporte bien des réserves.

Les principaux acteurs du Cirque Impérial sous la direction Hostein : Henri Luguet, Jenneval, Paul Deshayes, Maurice Coste, Colbrun, Boutin, Lebel et Williams, les frères Lyonnet du boulevard, Vollet, Clarisse Miroy, Adèle Page, Mariquita. — Henri Luguet et Maurice Coste furent à leur tour piqués de la tarentule directoriale ; directeur du Théâtre-Français à Bordeaux, Luguet donnait à ses artistes une part dans les bénéfices. Quant à Jenneval, il était incommensurablement vaniteux, tandis que Boutin se montrait éperdument modeste, ce qui semble presque invraisemblable chez un comédien. Ne lisant jamais les journaux qui le célébraient, stupéfait quand son directeur l’augmentait, craignant toujours qu’on ne le congédiât, il répondait, tout confus, aux remerciemens des auteurs : « J’ai fait de mon mieux. Si j’ai réussi, c’est que le rôle était bon. Avec un bon rôle, tout le monde fait de l’effet. »

Mourier, directeur des Folies-Dramatiques, un grand homme en son genre, un napoléonide théâtral, type de bourru, peu aimable, égoïste, despote, prompt aux boutades misanthropiques, avec des mouvemens de générosité aussi rares qu’imprévus et partant on ne sait d’où ; estimé, redouté de son personnel, amassant des millions avec un petit théâtre peu confortable, où, malgré la modicité des prix, il réalisait deux mille francs de recette ; travailleur infatigable, persévérant, avisé, voyant pousser l’herbe à quinze pas devant lui, et, par un instinct quasi génial, flairant les pistes du succès. Des trois S, — savoir, savoir vivre, savoir faire, — il possède surtout le dernier, qui lui suffit amplement. Potentat des Folies-Dramatiques de 1832 à 1839, il met lui-même ses spectacles en scène, lit les manuscrits, tient sa caisse et sa comptabilité ; excellent professeur, il forme ses acteurs, compose une troupe admirablement homogène, et, dans l’ordre de son métier, trouve du temps pour tout. :

Parfois d’ailleurs il engage des artistes, Odry, Frederick Lemaître pour une seule pièce ; Frederick Lemaître créa, chez lui, le rôle de Robert Macaire en 1834. On se souvient encore de ce mélo qui obtint, grâce à Frederick, un éclatant succès ;