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témoin que les héros de Rome ou n’appelaient à leur aide que les saints du paradis.

Le Victorieux se décida pour les Saisons, où d’emblée on le reconnut Dimanche, c’est-à-dire chef d’une Semaine, d’un peloton de six membres. Il espérait bien monter vite en grade, rejoindre son ami l’emballeur Brocard, qui, lui, était Juillet, chef de quatre pelotons, autrement dit de quatre Semaines, d’un Mois. Qui sait même si, avec du zèle ou de la chance, il n’arriverait pas, après un stage convenable, à être promu Printemps, chef d’une saison de trois Mois, de douze Semaines, de douze pelotons. Quant au degré suprême d’agent révolutionnaire, chef de quatre Saisons, modestement il se persuadait que c’était trop haut pour lui, il s’habituait à n’y point aspirer.

Pourtant les ouvriers, d’abord, rendirent peu, quoique ce ne fût pas faute d’être sollicités. « L’atelier est surtout obsédé d’émissaires ;... car c’est dans la classe ouvrière... que l’armée insurrectionnelle trouvera ses meilleurs soldats. » Mais le contingent des travailleurs se divisait, se dispersait. Tandis que les uns choisissaient les Saisons, — ceux peut-être qui avaient de la poésie dans l’âme, — d’autres suivaient, aux Montagnards, l’ébéniste Louis Guéret, « le grand Louis, » le doreur sur porcelaine Dutertre, et le cuisinier Chaubard. L’échec complet de Barbes et de Blanqui, au 12 mai 1839, sans arrêter le mouvement, changea la direction.


CHARLES BENOIST.