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par Henri Martin ; les Bagaudes ou la Gaule au troisième siècle, par Duchâtelet ; mais les histoires, toutes récentes, contées par Flottard, par Trélat, par Raspail, l’avaient réchauffé.

À terre, traînaient quelques livraisons dépareillées de la Revue encyclopédique de 1819, quelques numéros de la première série du Globe (1824-1829) et surtout de sa deuxième série (1830-1832) ; du National, du Courrier français, au Républicain, journal d’observation des sciences sociales et revue politique ; le supplément de la Tribune ; le Journal de ï Ecole sociétaire ou le Phalanstère, 1re série (juin 1832-février 1834) ; un paquet ficelé à la diable, du Réformateur, du Journal du Peuple, du Populaire, du Mouvement, du Bon Sens, du Pilori, du Peuple souverain de Marseille, du Précurseur, de la Glaneuse, de l’Écho de la Fabrique de Lyon, du Dauphinois, des divers Patriotes (Côte-d’Or, Meurthe, Saône-et-Loire, Puy-de-Dôme, Allier) ; du Courrier de la Moselle, de l’Utile, de Metz, de la Sentinelle picarde, du Progrès du Pas-de-Calais, de l’Ami de la Charte et du Breton, de Nantes, de l’Écho du Peuple, de Poitiers, du Patriote de Juillet et de l’Émancipation de Toulouse, de la Sentinelle des Pyrénées de Bayonne, de l’Aviso de la Méditerranée de Montpellier, des 56 journaux républicains qui s’échangeaient de département à département.

De cet amas de déclamations et parfois de divagations, de ce bric-à-brac, de ce capharnaüm de phrases, au milieu duquel il se retrouve et se dirige comme il peut, philosophant et moralisant volontiers, à la façon de Martin Nadaud, — Léonard, compagnon maçon, — ou d’Agricol Perdiguier, — Avignonnais-la-Vertu, — le vainqueur de Juillet extrait lentement, péniblement, ces idées essentielles qu’il va convertir en forces : son malheur, l’infériorité de sa condition sociale, qui tient à l’infériorité de sa condition légale ; la nécessité, pour transformer sa condition et voir la fin de son malheur, de conquérir l’État par le suffrage universel.


III

Est-ce trop insister sur un fait qui n’aurait pas tant d’importance ? Ce n’est qu’après 1832, et beaucoup plus encore après 1834, que les ouvriers parisiens se sont jetés à corps perdu (du moins un assez grand nombre d’entre eux) dans le mouvement révolutionnaire. La révolution de Juillet les avait, par ses résultats,