Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/16

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de canon, 15 000 000 de cartouches, sept jours d’approvisionnement en blé, quinze à vingt jours de farine, dix à quinze jours en avoine, dix à douze jours de vivres de campagne entrés dans les magasins ou réunis dans les gares, considérées comme annexes des magasins. Le surplus se trouvait sur les wagons qui n’avaient pu pénétrer dans les gares et qui avaient été déchargés des deux côtés le long de la voie du chemin de fer. Cette partie des approvisionnemens représentait une quantité qui n’était pas complètement connue, mais qu’on pouvait estimer à peu près égale à celle qui se trouvait dans les corps d’armée à la même époque[1]. Tous les corps d’armée, en dehors des ressources de la place, se trouvaient nantis pour au moins huit jours. Les pertes subies à la bataille de Borny et le 16 même avaient appauvri, mais non épuisé cette abondante réserve. Dans ces deux batailles, on avait dépensé 39 000 coups sur 171 000 emportés de Metz. L’ordre de licenciement des trains auxiliaires n’avait été exécuté qu’en partie et les convois de trois corps d’armée étaient seuls restés au Ban-Saint-Martin. Les voitures auxiliaires des autres corps et celles du quartier général avaient continué leur route et, dans la soirée du 16, sur le plateau, il y avait : trois jours et demi de vivres de campagne, un jour de biscuit ou pain et un grand jour de farine. Il y avait aussi un demi-jour d’avoine. La plus grande partie des troupes possédaient encore un jour de vivres dans le sac ; certains corps deux. En outre, des approvisionnemens étaient préparés le 15 à Mars-la-Tour, à Briey et dans tous les villages sur la route de Verdun et à Verdun même. « Le soir du 16 août, à minuit, après avoir dépensé dans cette terrible bataille de Rezonville 60 obus par pièce, l’armée avait, sur le plateau de Gravelotte, 80 500 coups, soit 186 par pièce. L’infanterie possédait en moyenne 15 000 000 de cartouches, soit plus de 100 par homme, seize fois la consommation de la journée. Quant aux vivres, comme on dit dans le langage militaire, l’armée était alignée pour les journées du 17, du 18 et en partie du 19, et à Verdun 600 000 rations attendaient[2]. »

En outre, les troupes qui avaient combattu n’étaient pas également dégarnies : le corps de Le Bœuf, celui de Ladmirault, qui avaient peu dépensé, se trouvaient en mesure de venir en

  1. Déposition de Mony. — Audience du 24 octobre.
  2. Rapport du général Rivière, dont les assertions n’ont jamais été démenties.