Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 16.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

-tations isolées, qu’on a épargné invariablement les têtes qui conçoivent et les bras qui exécutent pour n’envoyer devant la justice que d’irresponsables comparses. Ce n’est pas ici le lieu de rechercher si l’insuffisance des lois existantes justifie l’insuffisance des sanctions. Est-il exact que ni la loi de 1894 contre les menées anarchistes, ni les articles 265, 266 et 267 du Code pénal relatifs aux associations de malfaiteurs, ni les articles 86 et suivans du même Code relatifs aux complots contre la sûreté de l’Etat ne donnent aux pouvoirs publics les armes nécessaires et que l’on doive par suite en forger de nouvelles ? Beaucoup pensent le contraire. Ce n’est point notre affaire d’en décider.

En revanche, après nous être imposé et avoir convié nos lecteurs à s’imposer avec nous le contact répugnant de cette littérature criminelle, aussi basse de fond que de forme ; après avoir suivi dans ses origines et dans ses actes le concert établi contre la patrie, nous avons le droit de conclure que la France a besoin d’être défendue et que, par un moyen ou par un autre, il faut qu’elle le soit sans tarder. A quoi servirait-il de lui demander contre le risque du dehors le lourd effort militaire, qu’elle accepte avec fermeté, si la trahison des saboteurs devait, à l’heure du danger, abattre la défense d’un coup de poignard dans le dos ? Et ce danger n’a rien d’imaginaire. Un de nos amis a assisté, à Reims le 5 juin, a une réunion où M. Maxence Roldes, délégué permanent à la propagande du parti socialiste unifié et M. Jouhaux, secrétaire général de la C. G. T., ont dans leurs discours fait, contre la France, un ardent éloge de l’Allemagne. On sait d’autre part que M. Morizet, rédacteur à l’Humanité, a déclaré à l’abbé Wetterlé qu’en cas de guerre, ses amis socialistes saboteraient la mobilisation.

A la lumière des textes et des faits, y a-t-il place encore pour un désaccord sur la gravité de la menace que les meneurs des syndicats anarchistes font peser sur notre pays ? Assurément non. C’est pour fortifier, sur une base positive, l’accord des bons citoyens, que nous avons tiré de la pénombre de leurs feuilles spéciales, au grand jour de la discussion, les conspirateurs ligués contre la sécurité publique.

André Tardieu.