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-vier dernier. Enfin, au mois de septembre 1912, au Congrès confédéral du Havre qui reprend l’idée d’une caisse de secours aux insoumis, une généralisation plus vaste encore a été tentée : le Sou Confédéral, fonctionnant dans toutes les corporations.

À cette occasion, M. Yvetot a tenu à rappeler que « le Sou du Soldat n’est pas seulement une œuvre d’assistance, mais surtout une institution efficace de propagande antimilitariste. » A la même date, la Fédération des Mines, Minières et Carrières commente dans des termes analogues (numéro d’octobre 1912 du Travailleur du Sous-Sol) l’utilité du Sou. La Chambre syndicale des ferblantiers de Paris et le syndicat des terrassiers de la Seine s’expriment dans le même sens. Quel doute garder sur le but de cette caisse « philanthropique, » dont l’un de ses fondateurs, M. Yvetot, caractérisait l’efficacité en écrivant le 15 juillet 1911 dans la Voix du Peuple : « En temps de grève comme en temps de guerre, les syndiqués resteront des hommes, frères de tous ceux qui souffrent, travaillent et pensent. Et quand ceux-ci revendiqueront, s’insurgeront, il sera juste que nos enfans, nos frères et nos amis qui se trouveront soldats passent à nous avec armes et munitions. »

La C. G. T. tenant, grâce au Sou du Soldat et aux listes de soldats syndiqués établies en 1910, l’état complet de ses adhérens, peut mener plus sûrement son action dans les casernes. On sait qu’en 1911 le Cabinet Caillaux avait ordonné des poursuites qui aboutirent, en vertu de la loi de 1894, à des condamnations d’ailleurs isolées[1]. Le 1er octobre, à la conférence des Bourses et des Fédérations tenues à Paris, la C. G. T. décide d’« intensifier la propagande antimilitariste et antipatriotique. » Quelques jours après, chaque syndicat reçoit de la C. G. T. une circulaire signée de MM. Jouhaux et Yvetot les invitant à étudier la préparation de l’insurrection « pour la matérialisation des décisions des Congrès. »

Une tournée de conférences commence où sont exposées les recettes de sabotage citées plus haut. Au moment du départ de la classe, la Voix du Peuple publie un numéro spécial illustré

  1. Précédemment le général André, ministre de la Guerre, avait par circulaire d’avril 1902, visant les instructions du 18 février 1892, interdit la participation des militaires aux réunions des Bourses du travail et prescrit des mesures contre la propagande dans les casernes.