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port de la Macédoine, les Serbes le débouché assuré de leurs porcs et de leur bétail, les Grecs auraient partagé avec les Juifs les bénéfices d’une prospérité commerciale et financière, qui se serait accrue à mesure que, dans la Macédoine pacifiée, auraient grandi la prospérité et la richesse. Possession indivise des alliés, elle aurait formé le lien d’une confédération que chacun d’eux aurait eu intérêt à faire vivre et durer. Peut-être, plus tard, pourra-t-on revenir à une solution de ce genre ; mais, pour le moment, la mésintelligence est telle entre les anciens associés, les prétentions rivales se heurtent avec tant d’acharnement et d’imprévoyance, qu’il serait imprudent d’organiser l’avenir en tablant sur leur concorde. Salonique sera donc bulgare ou grecque. Il semble que les Bulgares ne la revendiquent pas avec la même âpreté que les régions qu’ils regardent comme proprement bulgares ; on peut prévoir que Salonique sera grecque avec la Chalcidique à laquelle les Bulgares ne prétendent pas. Mais la campagne étant peuplée de Slaves, le Cabinet de Sofia, s’il cède Salonique, n’abandonnera qu’une étroite banlieue autour de la ville, et encore réclamera-t-il probablement, en échange, les îles de Thasos et de Samothrace, peuplées respectivement de 12 000 et 3 000 Grecs, mais dont ils estiment la possession nécessaire au libre accès de Dedeagatch et de Kavala, appelés à devenir les ports de la Bulgarie, si Salonique est laissée aux Grecs. Salonique et la zone qui l’entoure, ce sera sans doute le premier objet de litige aigu entre les alliés d’hier. Les Grecs déclarent qu’ils feront la guerre plutôt que de renoncer à Salonique, les Bulgares plutôt que de renoncer au pays peuplé par leurs « frères. »

Le second objet de contestation concernera les villes de Vodena et de Kastoria, que les Bulgares demandent, comme habitées par des Bulgares, et que les Grecs prétendent garder. L’intérêt du problème dépasse la possession d’une étendue plus ou moins grande de territoire. Les Grecs souhaitent de pousser leurs frontières assez haut vers le Nord pour rencontrer les Serbes qui, de leur côté, espèrent garder Monastir, Prilep et Keuprulii (Vêles). Ainsi les Bulgares seraient rejetés sur la rive gauche du Vardar ; les Serbes, entre leur territoire et le port de Salonique, ne rencontreraient pas les Bulgares, mais seulement les Grecs, avec lesquels ils ont déjà préparé des arrangemens commerciaux. M. Pachitch, dans son discours du 30 mai,