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ligne marque seulement l’un des côtés d’une zone restée indivise ; à l’Est de cette ligne, tout serait bulgare : de même au Nord du Char-Dagh tout serait serbe, mais entre le Char et cette ligne conventionnelle s’étendrait une zone, comprenant Uskub et même Dibra, dont l’attribution ne serait pas faite et pour laquelle les deux pays auraient convenu de s’en remettre à l’arbitrage du Tsar. Ainsi, dans le premier cas, le champ soumis à l’arbitrage serait, sans restrictions, la frontière serbo-bulgare ; dans le second cas, ce serait seulement une certaine zone, et la frontière bulgare ne pourrait pas être reculée au delà de la ligne tracée par avance. Les Serbes en tout cas demandent la révision complète de la convention.

Quand nous avons signé cette convention, disent-ils, nous n’avions, ni nous, ni les Bulgares, prévu le succès complet de la coalition ; mais nous espérions acquérir tout le pays entre nos frontières et l’Adriatique ; c’était le but de nos efforts et nous aurions pu, si nous avions obtenu ce que nous souhaitions, ne demander du côté de la Macédoine que les régions proprement serbes, c’est-à-dire à peu près celles qui sont délimitées par la ligne conventionnelle. Le texte dit d’ailleurs qu’au delà du Char-Dagh les Bulgares n’élèvent aucune prétention : c’est prévoir implicitement que la Serbie doit aller jusqu’à la mer Adriatique, mais, de ce côté, l’Europe l’arrête. La Bulgarie, d’autre part, ne prévoyait pas les larges acquisitions qu’elle fait en Thrace. Enfin, disent les Serbes, nous avons prêté à nos alliés le secours de deux divisions et d’un équipage de siège qui n’auraient pas été nécessaires, ou qui l’auraient été moins longtemps, si les Bulgares, pour la vaine gloire de conquérir Andrinople par les armes et dans le secret espoir d’entrer à Constantinople, n’avaient inutilement continué la guerre alors qu’ils auraient pu, dès le 23 octobre, conclure la paix en obtenant même Andrinople ; tous les frais, en hommes et en argent, que la Serbie a faits sans compter depuis cette époque, c’est donc pour le seul avantage des Bulgares qu’elle les consentis et elle a droit à des compensations. Les Bulgares, d’après le traité, auraient dû envoyer 100 000 hommes pour aider les Serbes en Macédoine, ils ne l’ont pas fait et les Serbes se sont tirés d’affaire seuls. Si la Bulgarie recevait tous les accroissemens auxquels elle prétend, elle deviendrait tellement plus forte que les autres pays balkaniques qu’elle exercerait nécessairement sur eux une véritable