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acquis. Chacun, dans cette guerre, a joué son rôle et rendu service aux autres. Les Bulgares, aidés d’une et plus tard de deux divisions serbes, ont battu les Turcs, les ont enfermés dans les lignes de Tchataldja d’où ils les ont empêchés de sortir et, par là, ils ont décidé du sort de la guerre. Les Serbes, flanqués sur leur gauche d’une division bulgare, ont vaincu l’armée turque de Macédoine à Kumanovo et à Monastir et occupé, avec les Monténégrins, tout le pays jusqu’à l’Adriatique et aux frontières de la Bosnie. Les Grecs ont fait une campagne tout à fait indépendante ; ils ont vaincu un corps turc dans la vallée de Sarandaporou, puis ils ont marché sur Salonique dont ils ont obtenu la reddition sans coup férir ; une de leurs divisions, qui pour- suivait les Turcs vers le Nord, fut battue par Djavid pacha dans les défilés au Sud de Florina et perdit douze canons ; mais la conquête de l’Epire et la prise de Janina achevèrent brillamment la campagne. Le principal service que les Grecs aient rendu à leurs alliés fut de rester maîtres de la mer et de retarder l’arrivée des réserves turques d’Asie en les obligeant à cheminer par terre. Il n’y a pas lieu d’ailleurs de disputer sur le rôle de chacun des associés : ils ont entrepris une grande guerre en commun, ils n’ont qu’à mettre en commun les résultats et à faire la répartition des bénéfices d’après de tout autres critères. Si l’un d’eux avait été vaincu sur un terrain secondaire (c’est le cas de 1866), il n’en devrait pas moins obtenir sa part des bénéfices communs de l’entreprise.

L’importance des sacrifices faits, des troupes mises en ligne, des pertes subies, est au contraire un élément dont il est naturel de tenir un certain compte, proportionnellement à l’étendue et à la population de chaque pays. Les pertes subies sont la mesure de l’intensité de l’effort accompli Nous n’avons, malheureusement, que des chiffres qui varient selon la source d’où ils viennent, la méthode de ceux qui ont fait les statistiques et la manière dont ils comptent. On peut cependant tenir pour exactes les proportions. Les pertes des Bulgares se sont montées à 33 000 morts et 53 000 blessés, soit 87 000 hommes ; celles des Serbes (tués et blessés) à 22 000, celles des Grecs à 11 000, celles des Monténégrins à 10 000 (6 000 d’après d’autres sources). La Bulgarie a mis sur pied 480 000 hommes, pour l’armée régulière, plus 140 000 employés dans les services de l’arrière. La Serbie a, proportionnellement, mis en campagne un nombre