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comme principe de favoriser autant que possible le développement et l’indépendance des peuples et des États balkaniques. » De telles paroles, dans la bouche du chef du ministère cisleithan, montrent que l’Europe est sur la voie qui peut la conduire à une politique nouvelle et prévenir le retour des complications balkaniques. La Conférence des ambassadeurs, à Londres, qui a rendu de très grands services à la paix en permettant le contact et la confrontation immédiate des intérêts et des ambitions, n’a qu’un rôle limité de conciliation entre les grandes Puissances et de sauvegarde pour leurs intérêts ; les mandataires des « vieilles dames » ont pu donner des conseils amicaux aux représentans des jeunes nations balkaniques et les avertir de la nécessité de respecter certains droits acquis, mais ils n’ont pas mission de leur dicter des lois. La Conférence de Paris n’aura à connaître que des questions financières et économiques, mission d’ailleurs délicate, car il faut concilier les intérêts positifs des Puissances, qui sont si considérables dans l’Empire ottoman, avec les exigences naturelles des vainqueurs et les ménagemens que l’on doit aux vaincus. Dans toutes les affaires où leurs intérêts sont engagés, les pays balkaniques ont le droit d’être entendus et de prendre part aux décisions ; c’est une procédure nouvelle, difficile à instituer, mais il est essentiel qu’il ne puisse être statué, comme on le fit au Congrès de Berlin, sur les intérêts vitaux d’un État sans que ses représentans participent à la délibération. Le résultat de la guerre et de la victoire des alliés doit être de rajeunir la vieille Europe en l’élargissant. C’est le rôle de la France de favoriser la naissance de cette Europe nouvelle fondée sur le droit des peuples. Si les grandes puissances ont lieu de se féliciter d’avoir jusqu’ici traversé une crise depuis longtemps redoutée sans aboutir à une guerre générale, elles le doivent à ces principes qu’elles ont adoptés et auxquels elles feront sagement de se tenir. Mais la stabilité et la paix, dans la péninsule, sont encore exposées à bien des hasards dont il nous faut expliquer les causes et les dangers.


II

Les préliminaires de Londres consacrent la ruine de la domination ottomane dans la péninsule des Balkans. La révolution a