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« — Je n’ai pas besoin de vous faire l’éloge d’Héraclius. Autant je rends justice à sa sagesse, autant je dois épargner sa modestie… Comme vous le voyez, les secrétaires de l’église recueillent ce que nous disons et ce que vous dites. Mes paroles et vos acclamations ne tombent pas à terre. En un mot, ce sont des actes ecclésiastiques que nous rédigeons présentement, et je veux par là, autant que cela est permis à l’homme, confirmer ce que je viens de vous déclarer…

Ici le peuple s’écria :

« — Grâces à Dieu ! Louange an Christ !

…………………..

« — Sois notre père, et qu’Héraclius soit notre évêque !

Après un nouveau silence, Augustin, évêque, a repris :

« — J’entends ce que vous voulez dire. Mais je ne veux pas qu’il arrive pour lui ce qui est arrivé pour moi. Beaucoup d’entre vous savent ce qui fut fait alors… J’ai été ordonné évêque du vivant de mon père et évêque, le vieillard Valérius, de bienheureuse mémoire, et j’occupai le siège avec lui. J’ignorais comme lui que cela fût défendu par le concile de Nicée. Je ne veux donc pas qu’on blâme dans Héraclius, mon fils, ce qui a été blâmé en moi.

Alors, le peuple s’est écrié treize fois :

« — Grâces à Dieu ! Louange au Christ !

Après un moment de silence, Augustin, évêque, a continué :

« — Il restera donc prêtre, jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu qu’il soit évoqué. Mais, avec l’aide et la miséricorde du Christ, je ferai désormais ce que je n’ai pu faire jusqu’à présent… Vous vous souvenez de ce que je voulais, il y a quelques années, et que vous ne m’avez pas permis. Pour un travail sur les Saintes Écritures, dont mes frères et mes pères les évêques avaient daigné me charger dans les deux conciles de Numidie et de Carthage, je devais n’être dérangé par personne pendant cinq jours de la semaine. C’était chose convenue entre vous et moi. L’acte en avait été rédigé, et vous l’aviez approuvé, après en avoir entendu la lecture. Mais votre promesse dura peu. Je fus bientôt assailli et envahi par vous. Je ne suis plus libre d’étudier comme je le veux. Avant et après-midi, je suis embarrassé dans vos affaires temporelles. Je vous en conjure donc et je vous en supplie par le Christ, souffrez que je reporte le fardeau de tous ces soins sur ce jeune homme, le prêtre Héraclius, que je