Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/743

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui le presse ; il expédie à Cissey un de ses officiers et revient à Doncourt. Il y trouve la division Grenier, arrivée derrière la cavalerie (11 h. 30), qui avait dressé les tentes et préparé le café. Il la fait rassembler et la dirige sur Bruville, flanquée sur sa droite par la division de cavalerie Legrand.

Il lui ordonne de marcher vers le Ravin de la Cuve : il le traversera et attaquera le bois de Tronville. Ce dispositif eût été parfait s’il eût placé sous la direction unique du général Du Barail, qui s’était subordonné à lui, les 24 escadrons et les 4 batteries à cheval. « Cette masse cavalière, à laquelle se serait jointe, sur un signe, une brigade au moins de la division Clérembault du 3e corps d’armée, aurait procuré au commandant du 4e corps une sécurité presque absolue pour son flanc droit[1]. »

L’attaque commence ; elle est aidée par cinq bataillons de la division Tixier du 6e corps d’armée, et appuyée par des fractions de la division Aymard (3e corps). Elle réussit ; les bois sont pris ou tournés. L’artillerie prussienne est menacée d’être fauchée par nos tirailleurs. Tout est en bon train de victoire. Alvensleben aux abois s’écrie : « Il en sera bientôt de moi comme de Wellington à Waterloo ; je voudrais voir arriver la nuit ou le Xe corps ! »

Ladmirault se charge de le tirer d’angoisses. Tout d’un coup, l’offensive française, qui allait dévorer les Prussiens, recule. Ladmirault a aperçu sur sa droite un point noir ; il croit que c’est une force ennemie qui va le tourner, tandis qu’il est occupé à tourner les autres ; « il s’effraie, il laisse fuir la victoire qu’il effleurait de ses mains[2]. » Qu’avait-il à craindre, protégé qu’il était sur sa droite par 44 escadrons (5 000 sabres) et l’artillerie de ses divisions ? Tout lui ordonnait de continuer sa bataille sans se préoccuper de l’attaque hypothétique. Mais il s’arrête court, rappelle la division Grenier (4 heures) en deçà du Ravin de la Cuve, et compromet les fractions des 3e et 6e corps d’armée qui ont pris l’offensive avec sa brigade Bellecourt ; il retire en arrière les deux batteries situées sur le côté Nord du ravin qui sont exposées au feu à courte distance des tirailleurs allemands revenus dans le ravin abandonné, et il ordonne également à la division Legrand, alors en position à moins de deux kilomètres au Nord de Mars-la-Tour, de venir sur le plateau du Poirier,

  1. Général Bonnal.
  2. Lehautcourt.