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Cuve la croupe de la ferme Gréyère, se dirige vers le Nord parallèlement à l’Yron, traverse Jarny et se jette dans l’Orne. A l’Est et au Sud-Est, de vastes massifs de forêts, le bois des Ognons, le bois des Chevaux, le bois de Saint-Arnould, le bois de Vionville, interrompus seulement aux abords de la route de Gravelotte à Metz, s’étendent surtout sur la crête des pentes qui descendent vers la Moselle. Ces pentes très abruptes, au milieu desquelles se trouve Gorze, sont entrecoupées de ravins et de bois qui rendaient difficile la marche des troupes, mais permettaient de cacher leurs mouvemens. Un réseau de parcelles boisées moins considérables court au Nord de la grand’route le long de la voie romaine, bois de Pierrot, de Tronville et de Saint-Marcel. Les seuls abris dont on puisse tirer parti pour le combat sont constitués par les ondulations naturelles du terrain et par les dépressions où sont blottis les villages de Rezonville, Flavigny, Vionville, Mars-la-Tour. De tous les points du plateau, et surtout du sommet des longues lignes de collines qui le sillonnent, la vue s’étend librement en tous sens.

Sur cette position nos divers corps d’armée se développaient en largeur et s’échelonnaient en profondeur. En largeur étaient établis les 2e et 6e corps d’armée, les deux divisions de cavalerie du 2e à Vionville, le reste du corps d’armée, sauf la division Laveaucoupet laissée à Metz, perpendiculairement à la route de Gravelotte, face à Verdun, la droite appuyée à cette route ; le 6e corps d’armée au Nord de la route, à cheval sur la voie romaine ; une division à Saint-Marcel et deux autres rejoignant le 2e corps d’armée, la gauche appuyée à la route. Étaient échelonnés en profondeur : la Garde à Gravelotte derrière le 6e et le 2e corps d’armée ; plus au Nord, deux divisions du 3e, les seules arrivées sur le plateau à Vernéville et Bagneux. La place assignée au 4e corps d’armée, Ladmirault, à notre droite, vers Doncourt, restait encore inoccupée.

« Notre situation, dit Moltke, était formidable. » Elle l’eût été en effet si nous avions occupé les hauteurs de la Vierge. Malgré que Frossard manquât d’une division et Le Bœuf de deux, malgré que Ladmirault fût absent, notre supériorité numérique était écrasante : huit divisions françaises et la Garde contre deux divisions allemandes. Le seul corps de Frossard égalait toutes les forces allemandes. Alvensleben ne pouvait évaluer en chiffres son infériorité, mais il n’en doutait pas.