Ce n’est pas sans douleur que nous avons assisté aux manifestations d’indiscipline militaire qui se sont produites dans un certain
nombre de villes. Il y a eu là un premier avertissement ; un pays qui
n’en tiendrait pas compte serait à plaindre ; un gouvernement qui ne
mettrait pas le fer rouge dans la plaie encourrait toutes les sévérités
de l’histoire. Mais ce mal qui vient d’éclater au grand jour d’une manière si inquiétante, quelle en est la nature et surtout quelle en est
la cause ? Sommes-nous en présence d’une sédition qui a son origine
dans l’armée elle-même et qui est le produit direct de son mécontentement ? Vient-il du dehors et a-t-il été importé dans l’armée par une
propagande criminelle ? La vraie cause en est-elle dans le service de
trois ans ? Est-elle ailleurs ? M. le ministre de la Guerre, répondant au
Sénat à une question de M. de Lamarzelle, a dit que le service de trois
ans n’avait été qu’un « prétexte. » Il a raison sans aucun doute. Tout
le monde savait quelle propagande scélérate rôdait autour de nos
casernes, mais on croyait qu’elle n’y pénétrerait pas, ou que, si elle
y pénétrait, elle y trouverait un terrain où elle ne germerait pas. C’est
l’erreur à laquelle il faut renoncer. La propagande a pénétré dans nos
casernes et elle y a trouvé, par endroits, un terrain favorable. M. le
ministre de la Guerre a pris devant le Sénat l’engagement d’ « extirper » le mal : l’expression est énergique ; les actes le seront-ils aussi ?
Ils l’ont été déjà, nous nous plaisons à le dire. Les faits étaient nets, précis, incontestables ; les premières sanctions devaient donc être immédiates. Le général Gœtschy, commandant le 20e corps d’armée, les a proposées, et le ministre les a approuvées. Nombre de soldats ont été punis de la prison, d’autres ont été envoyés dans les bataillons d’Afrique, d’autres encore traduits devant le Conseil de guerre, enfin plusieurs gradés ont été cassés. A ces premières sanctions