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De ne plus voir dans l’estivale somnolence,
Au-dessus du languide et parfumé silence,
Abeilles, votre vol rauque tourbillonner...


A PARTHENICE


C’est en vain que l’orgueil redressait notre front
Près des palais qu’un long souvenir environne ;
S’il ne subsiste pas un mur de Babylone,
Nos poèmes de pierre à leur tour périront.

Les baisers des amans, les fleurs de leur couronne
De siècle en siècle, seuls, se renouvelleront ;
Car, hostile aux contours, le temps de son affront
Sauve tout ce qui luit et tout ce qui frissonne.

Les roses de Sapho, d’Horace, de Saadi,
Du même effluve ardent qui, ce soir, t’engourdit
Dans des corps disparus ont caressé nos fièvres...

Puisqu’il n’est pour avoir un goût d’éternité,
Que l’haleine des fleurs et le parfum des lèvres.
Nature, Amour, gardez notre fragilité

Prisonnière du rêve où vit votre beauté.


MAURICE LEVAILLANT.