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II


Ce soir, elle visite, en robe d’indienne.
Ses rosiers dont l’orage a battu les beaux cous,
Et cache entre ses seins où du corail s’égrène
Un carré de papier qui semble un billet doux.

« Madame, il me revient des bruits fâcheux sur vous… »
Dit le billet, daté de Schoenbrünn, près de Vienne.
Des lettres d’Italie et de leurs appels fous
Pourquoi faut-il, si tristement, qu’il lui souvienne ?..

Elle va, relevant les boutons un à un,
De la Cuisse de nymphe émue à l’Aigle brun,
Du Temple d’Apollon au Triomphe de Flore...

Soudain, elle a pâli ; car, pourpre, et se dressant
Sur l’Occident où pèse un ciel couleur de sang,
Le Grand Napoléon est plus sanglant encore.

III


A Malmaison, non loin du cèdre et du platane,
Toutes les roses, aux effluves captivans.
Dont Redouté peignit les visages fervens,
Roses qu’un mois colore, et roses qu’un jour fane.

Roses aux noms légers, roses aux noms savans,
La grecque, l’italique et la mahométane,
La gentille Thalie et la belle Sultane
Toutes les roses, comme alors, s’ouvrent aux vents

Celle que consolaient leurs odorans prestiges
Revient, fantôme frêle, errer parmi leurs tiges,
Et parfois se retourne, et semble s’étonner