Page:Revue des Deux Mondes - 1913 - tome 15.djvu/685

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Explore maintenant les cryptes ; sous les voûtes
D’où les larmes du temps pleuvent à lentes gouttes,
Refais, en te courbant, le funèbre chemin ;

Dans les caveaux obscurs tu peux même descendre,
Et gratter l’âpre humus pour y chercher leur cendre ;
Tu n’en trouveras pas de quoi remplir ta main.

II


Plus de mille ans ayant frôlé la basilique
Sans renverser un mur et sans rompre un pilier,
Qu’importe que des lys on l’ait pu spolier.
Et que le reliquaire ait perdu sa relique ?...

Les arceaux ont toujours leur élan symbolique ;
Couché, nu, sur sa pourpre ou sur son bouclier,
Le monarque galant ou le roi chevalier
Toujours dirige au ciel sa muette supplique....

Dehors, indifférent aux spectres, le soleil
Eclabousse les murs d’un badigeon vermeil.
Allège le clocher, fleurit chaque verrière ;

Et, prêt pour quelque appareillage fabuleux,
L’édifice, au-dessus des toits flottans et bleus.
Semble un grand vaisseau d’or ancré dans la lumière.

III


Saint-Denis ! somptueuse et vainc nécropole,
Ceux qui te confiaient le sommeil de leurs os
Ne pensaient pas que nul dérangeât leur repos
Sous ton massif abri que sa grandeur isole...