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POÉSIES


LES PIERRES SAINTES


Le livre, au long des ans, sonore tympanon.
Lance et fait rebondir un souvenir auguste ;
Mais le livre est souvent moins durable qu’un nom
Gravé sur un sépulcre ou sur le pied d’un buste.

Pour garder un empire et sauver un renom,
Quelques signes creusés dans une dalle fruste
Valent mieux, à défaut d’un divin Parthénon,
Que le rythme où du rêve éphémère s’ajuste...

L’homme, en ses bâtimens, figea sa volonté :
C’est pourquoi, plein d’un grave émoi, j’ai feuilleté,
Aux sols élus où votre gloire s’édifie.

Trois chants de ce poème éclatant et divers
Dont vous êtes les mots, les strophes et les vers,
Pierres que tant d’histoire habite et sanctifie.


LE SACRE DU RÊVE


I


L’eau lisse des bassins n’a pas gardé l’empreinte
Du siècle éblouissant qui décora ses bords ;
Les échos, où vibraient les flûtes et les cors,
Du temps silencieux subissent la contrainte.