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ne pas avoir le teint assez brillant pour le bal que les unes étaient restées chez elles toute la matinée et que celles qui accompagnaient la Reine, à sa promenade, s’étaient empressées de rentrer pour se reposer.

Deux d’elles pourtant, Mmes de Bertoy et Duhesme, acceptèrent ma proposition pour la course en char à bancs. Nous nous rendîmes donc, après avoir été congédiés par la Reine, dans la salle Henri IV, où Mgr de Montpensier se trouvait déjà.

En voiture, il se plaça entre Gérard et moi sur la première banquette, derrière nous Mmes de Bertoy et Duhesme, puis plus loin le maréchal Mortier, quelques généraux et aides de camp. Pendant que nous parcourions de belles allées pour arriver aux gorges d’Apremont et de Franchard, le prince me donna des détails sur le séjour qu’il a fait avec ses frères et sœurs à Chantilly, chez son frère d’Aumale.

— Croiriez-vous, me dit-il, qu’il a si peu fait les honneurs de son château qu’il n’a pas voulu me céder l’appartement que nous appelons le Cabinet des Singes, parce que tous les personnages de la Cour de Louis XV y sont représentés dans leurs costumes, mais avec des figures de singes. J’aurais tant aimé y loger ! Mais Aumale a préféré le garder pour lui.

Le prince, passant brusquement d’un sujet à un autre, me demanda instamment de lui raconter une histoire. Mmes de Bertoy et Duhesme me prièrent de la dire assez haut pour qu’elles pussent l’entendre. Mon histoire a eu un très grand succès, trop grand malheureusement pour moi, car, depuis, il en a été question à la Cour, et j’ai dû la conter à toutes les dames d’honneur, à Madame Adélaïde qui tourmentait son neveu et ses dames d’honneur pour se la faire raconter et à qui ils répondaient :

— Elle est charmante, cette histoire. Mais c’est de la bouche du comte Rodolphe que Votre Altesse Royale doit l’apprendre.

J’observe en passant que la curiosité de Madame Adélaïde est restée en suspens pendant trois semaines où je ne suis pas allé à la Cour.

Le Duc de Montpensier nous fit les honneurs de la Roche qui pleure et qui, d’après le Journal des Débats, a cessé de pleurer depuis que Louis-Philippe est venu habiter sa royale demeure de Fontainebleau.