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LA VILLE ET LA COUR
SOUS LE RÈGNE DE LOUIS-PHILIPPE[1]
EXTRAITS DU JOURNAL
DU COMTE RODOLPHE APPONY

III[2]
ANNÉE 1834


28 janvier. — On n’a aucune idée de ce qu’est Paris en ce moment ; c’est une folie qui s’est emparée de tout le monde ; c’est une rage de s’amuser. On court du matin au soir, on se dispute les jours, ce sont des bals à n’en pas finir ; je n’ai pas encore eu le temps de me reposer de mon voyage[3]. Quelle vie que d’être toujours pressé, de n’avoir jamais une minute pour soi ! Je regrette véritablement Vienne sous ce rapport ; on y a au moins le temps de voir les personnes qu’on aime ; ici, on tourbillonne.

A la Cour, il y a des fêtes superbes, une ou deux par semaine. Le Roi et la famille royale m’ont reçu on ne peut mieux. Le Roi m’a rendu attentif à tous les embellissemens qu’il a fait faire depuis mon absence ; je lui ai dit ce que j’en pense, c’est-à-dire

  1. Copyright by Ernest Daudet.
  2. Voyez la Revue des 1er et 15 octobre 1912 et des 1er et 15 mai 1913.
  3. Le comte Rodolphe, qu’un voyage en Espagne et un long séjour en Autriche et en Hongrie avaient tenu éloigné de Paris pendant la plus grande partie de l’année 1833, venait d’y rentrer.