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suivront, l’humanité ne connaîtra cette joie candide d’avoir triomphé de la mort, — cette jeunesse de l’espérance.


III. LE FARDEAU ÉPISCOPAL

Augustin n’est pas seulement le plus humain de tous les saints, c’est aussi un des plus aimables, dans tous les sens de ce mot banalisé, — aimable selon le monde, aimable selon le Christ.

Pour en juger, il faut le suivre dans ses rapports avec ses ouailles, ses correspondans, même avec ceux qu’il attaque, les ennemis les plus acharnés de la foi. La prédication, l’administration temporelle, la justice ne représentaient qu’une partie de ce fardeau épiscopal, sarcina episcopatus, sous lequel il a tant gémi. Il lui fallait encore catéchiser, baptiser, diriger les consciences, prémunir les fidèles contre l’erreur, discuter avec tous ceux qui menaçaient la catholicité. Augustin était une lumière de l’Église. Il le savait.

De son mieux, avec une conscience et une charité admirables, il fait face à toutes ces tâches. Dieu sait ce qu’il en a coûté à cet intellectuel d’accomplir rigoureusement jusqu’aux plus humbles fonctions de son ministère. Son grand désir aurait été de passer sa vie dans l’étude de l’Écriture et la méditation des dogmes. Ce n’était nullement par dilettantisme spéculatif, mais parce qu’il estimait cette science nécessaire à celui qui annonce la parole divine. La plupart des prêtres de ce temps-là arrivaient au sacerdoce sans préparation préalable. Ils devaient s’improviser au plus vite toute une éducation sacrée. On reste confondu devant le labeur énorme, que dut fournir Augustin, pour parfaire la sienne. Bientôt même il domina toute la science exégétique et théologique de son temps. Dans son ardeur pour les Lettres divines, il ne connaissait plus le sommeil.

Et pourtant, il ne dédaignait aucune de ses besognes. Comme le dernier de nos curés, il préparait les néophytes aux sacremens. Il fut un catéchiste incomparable, si clairvoyant et si scrupuleux, que ses instructions peuvent encore servir de modèles aux catéchistes d’aujourd’hui. Et il ne s’occupait pas seulement des gens cultivés, en aristocrate de l’intelligence, abandonnant