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en trois nefs. Des tribunes se déployaient sur les bas-côtés. Le sol était couvert de mosaïques. Dans le fond de l’abside, derrière l’autel, s’élevait la chaire épiscopale.

Autour de cet édifice central se groupait un grand nombre d’autres constructions : un baptistère, plusieurs chapelles, dont une voûtée en forme de trèfle à trois feuilles, probablement consacrée à des martyrs locaux, un cimetière, un couvent avec ses cellules et ses fenêtres étroites comme des meurtrières, des écuries, des hangars et des greniers. A l’abri de ses murailles et de ses tours, au milieu de ses annexes et de ses jardins, la basilique de Théveste ressemblait déjà à un de nos grands monastères du moyen âge, et aussi, par certains côtés, aux grandes mosquées de l’Islam, celle de Cordoue, ou celle de Damas, avec leurs cours entourées d’arcades, leurs vasques des ablutions, leurs promenoirs plantés d’orangers. Les fidèles et les pèlerins étaient là chez eux. Ils pouvaient passer la journée, étendus sur les dalles des portiques, à flâner ou à dormir, dans l’ombre bleue des colonnes et la fraîcheur des parterres d’eau. L’église était, au sens absolu du mot, la Maison de Dieu, ouverte à tous.

Il est probable que les basiliques d’Hippone n’avaient ni l’ampleur, ni la magnificence de celle-ci. Elles n’étaient pas non plus très nombreuses. A l’époque où Augustin fut ordonné prêtre, c’est-à-dire lorsque les donatistes se trouvaient encore en majorité dans la ville, il semble bien que la communauté orthodoxe ne possédait plus qu’un seul sanctuaire, la Basilica major, ou Basilique de la Paix. Son nom d’ailleurs l’indique. La « Paix, » pour les schismatiques, c’était le nom officiel du catholicisme, « Basilique de la Paix » signifiait tout simplement « Basilique catholique. » N’était-ce point dire que les autres appartenaient aux dissidens ? Plus tard, après les édits d’Honorius, ils restituèrent sans doute à l’église la Basilique Léontienne, fondée par Léontius, évêque d’Hippone et martyr. Une troisième fut construite par Augustin, pendant son épiscopat : la Basilique des Huit martyrs de la Masse blanche.

C’est dans la Major, ou cathédrale, qu’Augustin prêchait habituellement. La prédication était non seulement une charge, mais une prérogative épiscopale. Seul, — nous l’avons vu, — l'évêque avait le droit de prêcher dans son église. Cela vient de ce que les diocèses africains de ce temps-là, quoique relativement