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en sont plus chaudes, plus vivantes ! Les fûts des colonnes et les pilastres du péristyle, écorcés par le temps, semblent écailleux et plein de sève comme des troncs de palmiers. Les acanthes des chapiteaux retombent comme des bouquets de palmes roussis par l’été.

Tout proche, au bout d’une rue étroite, bordée de masures modernes et sordides, l’arc de triomphe de Septime Sévère et de Caracalla ouvre son arche lumineuse, et, dominant la sobre masse architecturale, appuyé sur de frêles colonnettes aériennes, un léger édicule resplendit, pareil à un tabernacle de vermeil ou à un coffret d’ivoire jauni.

Alentour, des formes long drapées se pressent. Les burnous numides ont la blancheur des toges. Ils en ont aussi les beaux plis. A les voir, on se sent tout à coup dépaysé, on recule très loin à travers les siècles. La vision antique, sitôt esquissée, se précise. Là-bas, un cavalier, vêtu de blanc, s’encadre, avec son cheval blanc, dans le cintre surbaissé d’une porte. Il passe, et, sur le mur blanc de la tour voisine, sa silhouette se fixe un instant, comme un bas-relief sur le marbre d’une frise.

En dehors de l’enceinte byzantine, la basilique, avec ses dépendances, est une autre ville, presque aussi grande que l’actuelle Théveste, close, elle aussi, d’une ceinture de tours et de remparts. On est frappé tout de suite par la couleur opulente des pierres, — un rose pâli et blondi au soleil, — puis par le robusta appareil et la perfection de la structure. Comme dans les temples grecs, les pierres se superposent en assises régulières : tout se tient par le poids des blocs et le poli des surfaces.

Les proportions sont monumentales. On n’a épargné, pour la bâtisse, ni les matériaux, ni l’espace. D’abord, en avant de la basilique, une vaste cour rectangulaire, avec des terrasses en bordure, un portique dans le fond, quatre grandes pièces d’eau, dans le milieu, pour rafraîchir le promenoir. Une avenue, dallée et flanquée de deux portails, séparait cette cour de la basilique proprement dite, à laquelle on accédait par un escalier, encadré de deux colonnes. L’escalier conduisait à l’atrium, que décorait un portique corinthien. Au centre, la piscine des ablutions, grande vasque monolithe découpée en forme de trèfle à quatre feuilles. Trois portes faisaient communiquer l’atrium et la basilique, que des rangées de colonnes en marbre vert divisaient